Il y a plus de 10 ans, la France découvrait à Mogador un transformiste non seulement talentueux mais également d'une grande créativité quant à l'élaboration de ses costumes, tous "faits maison". A l'intérieur d'une caisse à souvenirs géante qui s'ouvrait tour à tour sur chacun d'eux, Arturo Brachetti évoquait à deux cent à l'heure son enfance, des personnages totalement imaginaires ou bien de cinéma, de théâtre (Frégoli, Fellini...) s'adonnait à l'art des ombres chinoises... Et si l'on sentait déjà quelques longueurs au sein d'un show ("L'Homme Aux Mille Visages") qui tournait vite court, son indéniable habileté, son bonheur d'être sur scène, et une certaine excentricité bien sympathique nous faisait passer outre ces défauts, et une bonne soirée par la même occasion !
Des années plus tard, après avoir triomphé dans le monde entier, Brachetti nous est revenu. Il a joué quasiment à guichets fermés pour les fêtes de fin d'année aux Folies Bergère et prolonge tout le mois de juin avec ce best of intitulé "Arturo Brachetti fait son cinéma", composé à 70 pour cent de numéros du spectacle évoqué plus haut.
D'où vient que cette fois-ci, à notre grand regret, la magie peine à opérer ? Est-ce l'effet de "déjà vu" ? Une scénographie plus "cheap" que pour le précédent spectacle ? Toujours est-il qu'à ces transformations étonnantes, il manque une chose essentielle à nos yeux : un propos ! Car une fois la métamorphose expresse effectuée, aussi bluffante soit-elle, Brachetti ne fait rien, ou si peu, du personnage qu'il incarne. On aimerait qu'il le fasse vivre, qu'il le détourne du cadre dont il l'a extrait, à l'image de cette Blanche Neige de Disney qu'il fait passer du rôle de gentille gourde à celui d'une jeune femme bien plus trash et méchante se servant d'un lapin pour essuyer la fiente d'un oiseau, ou soulevant sa jupe pour arrêter un prince charmant passant à cheval... Le sketch est amusant, beaucoup trop court, et cependant l'un des plus longs du spectacle (deux minutes ?), les autres personnages se contentant de quelques secondes de playback (sur la bande son des films) ou de brèves et brouillonnes gesticulations...
Ajoutons, au milieu de ces tableaux de transformisme, des moments de stand up pas toujours inspirés ni de très bon goût, un tunnel d'ombres chinoises fort bien réalisées mais déjà vues et qui ne raconte rien (Oh un lapin ! Oh un éléphant !), un film sur l'enfance d'Arturo sans grand intérêt, et vous comprendrez pourquoi tout cela nous a semblé terriblement longuet...
Un co-auteur serait sans aucun doute la solution afin de palier les défauts d'un spectacle dont l'interprète, répétons-le, maîtrise remarquablement son art !
En attendant...
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