Du 3 au 7 avril 2008, Caroline Clough-Lacoste accueille - parmi les 115 exposants de la foire Art Paris - quelques unes des figures féminines marquantes du marché de l’art. Un hommage rendu à toutes les femmes galeristes et femmes artistes qui ont contribué au succès d'Artparis.
Durant la première moitié du XXème siècle, Paris est un carrefour où Françaises et femmes d’Europe du Nord, de Russie, d’Amérique se rencontrent. Siècle de lutte, d’émancipation, d’indépendance et de revendication, le XXème siècle est un siècle de création pour les femmes artistes qui investissent peu à peu tous les champs artistiques, à commencer par la peinture, la sculpture et la photographie, pour s’intéresser ensuite à l’installation, la performance et la vidéo. Suivant cette tendance, de grandes femmes galeristes se font (re)connaître.
« Reprenant, sous une nouvelle forme, le rôle de protectrices des arts et des lettres longtemps attribué aux femmes par le biais des salons et du mécénat, des galeristes vont choisir d’être des activistes du monde de l’art. Elles vont se battre pour faire de leur galerie des lieux de partis pris, pariant sur des travaux novateurs. De leur galerie, elles vont faire leur création, permettant de concilier un rôle de soutien et de dévouement, tout à faire admis pour des femmes, avec une forme d’aventure où elles vont pouvoir entreprendre et s’affirmer », observent Catherine Gonnard et Elisabeth Lebovici dans leur récent livre Femmes artistes, artistes femmes.
Quelques femmes d'exception
Michèle Berthet-Aittouarès choisit ses artistes comme elle le ferait pour sa collection personnelle. Elle explique : « Depuis 1986, je n’ai pas d’idée préconçue, ni de médium prédéfini. Le style était peut-être au départ difficile à identifier, mais au fil des ans, une véritable cohérence est apparue. » Initialement tournée vers les œuvres sur papier puis la peinture cubiste et impressionniste, la galerie située rue de Seine à Paris s’ouvre progressivement à la vidéo et aux artistes contemporains.
Denise Cadé commence à travailler avec Jean-François Jaeger à la Galerie Jeanne-Bucher au début des années 70. En 1982, la galeriste s’envole pour New York, motivée par le désir d’ouvrir une « vitrine » française pour témoigner de l’activité créatrice de l’hexagone. Elle fait ainsi découvrir au public américain des artistes tels que Jean-Pierre Pincemin, Fred Deux, Christian Jaccard et Gérard Titus-Carmel, à qui elle consacre un one-man-show pour cette édition d’artparis 2008.
Marie-Pierre Arzur Dilasser ouvre en 1989 sa galerie à Brest ; elle la nomme « La Navire ». Pourquoi ce nom ? Outre l’invitation au voyage qu’il suggère, le mot navire était féminin, il y a trois siècles. Et c’est avec une sensibilité toute féminine, teintée d’émotion et de plaisir, que Marie-Pierre Arzur Dilasser défend ses coups de cœurs artistiques, de Judith Reigl à Najia Mehadji en passant par Pincemin, Titus-Carmel, Soulié et Texier.
Patricia Dorfmann ouvre son galerie dans le Marais en 1990. Son choix se porte sur « des artistes particulièrement engagés avec un grand souci d’esthétisme », à l’image de la féministe Nicola L ou de Maro Michalakakos, une artiste grecque qui interroge l’Eros et la différenciation sexuelle.
Thessa Herold ouvre sa première enseigne en 1970, rue de Seine. Auparavant, elle avait été antiquaire et, durant quelques années, collaboratrice de Jacques Kugel. Elle se spécialise dans l’avant-garde historique, représentant les plus grands noms du Surréalisme ou de l’art abstrait. Elle s’installe en 1993 dans le Marais et commence à promouvoir la création plus contemporaine : Carmen Calvo, Béatrice Helg, Federica Matta ou Gabriela Morawetz.
Ghislaine Hussenot est une grande collectionneuse, qui ouvre sa propre galerie dans le Marais en 1984 avec, d’emblée, une programmation très internationale, tous médias confondus. Quand elle choisit un artiste, il faut qu’il lui parle « au cerveau, au cœur et au ventre ».
Catherine Issert fait entrer l’art contemporain à Saint-Paul de Vence dès 1975 avec une première exposition monographique consacrée à Claude Viallat. Se plaçant dans une ligne directrice qui valorise l’avant-garde et la recherche, elle va exposer d’autres membres de Support/Surface ou des plasticiens comme Gasiorowski, John Armleder, François Morellet ou Christo.
Laurence Izern est passionnée par l’abstraction lyrique,. Elle ouvre une première enseigne à Toulouse en 1969 avant de lancer la galerie Protée, rue de Seine à Paris, en 1984. Sa ligne directrice ne change pas : « J’ai besoin d’une peinture d’incarnation. » Laurence Izern, qui reste fidèle aux mêmes peintres depuis près de 40 ans pour certains, accueille aussi d’autres artistes provenant du monde entier.
Constance de Malleray a fraîchement inauguré sa galerie (en décembre 2007). Ancienne courtière, elle a déjà une bonne expérience du marché de l’art. Ayant des accointances avec la Russie, Constance de Malleray suit avec intérêt l’évolution des artistes soviétiques. En Russie, elle conçoit des projets en partenariat avec des musées et centres d’art locaux et vient ainsi de commander à la jeune photographe française, Floriane de Lassée, une série spéciale : « Moscou by Night ». Dans sa galerie parisienne, elle présente des photographes, dont le travail est encore méconnu en France. Parmi eux : les russes Leonid Tishkov et Boris Bendikov.
Marion Meyer quitte son Allemagne natale, etouvre une galerie à Paris en 1979, où elle présente le travail de Man Ray, Duchamp et Picabia. Quand elle ne part pas à New-York, elle conçoit des expositions au Japon.
Lélia Mordoch prône la démocratisation de l’art. Elle ouvre sa première enseigne en 1989 avec l’idée de « faire avancer la société ». Ses goûts la portent alors vers l’art abstrait et cinétique, puis vers la figuration. Elle promeut François Morellet, Julio Le Parc, Garcia Rossi, aussi bien que Miss Tic, dont les pochoirs poétiques font parler les murs de Paris.
Nathalie Obadia tombe dans l'art contemporain toute petite et ouvre sa prore galerie dans le Marais en 1993. Femme de tête aux semelles de vent, elle participe aux plus grandes foires et biennales pour présenter aux collectionneurs plus de trente artistes internationaux.
Yvonne Paumelle (et son fils Florent) inaugure, en 1986, à Rennes la galerie Oniris avec une exposition de François Morellet. Elle s’oriente à l’origine vers l’abstraction (géométrique et minimale) et donne au public et collectionneurs non parisiens la possibilité d’accéder au travail d’artistes convaincus que l’œuvre n’est pas « l’image » de quelque chose, qu’elle ne doit pas chercher à imiter mais à exister par elle-même.
Ilona Orel crée Orel Art en 2001. Née en Russie, elle travaille dans la mode, avant de se lancer à plein-temps dans l’art contemporain. Au début des années 2000, elle draine avec elle l’engouement pour les artistes soviétiques jusqu’à Paris.
Catherine Putman est fascinée par le support papier. En 2005, elle ouvre sa galerie pour éditer les estampes et œuvres uniques sur papier d’une trentaine de créateurs contemporains, parmi lesquels : Geneviève Asse, Agathe May, Najia Mehadji…
Esther Woederhoff, d'origne suisse, a d’abord été rédactrice en chef d’une revue touristique dans laquelle elle valorisait la photographie. Dans l’ancien atelier de Camille Claudel qui lui sert de galerie depuis 1996, elle met à présent sur le devant de la scène internationale le travail de photographes tels que Sabine Dehnel et Carla van de Puttelaar, dont elle expose les clichés à artparis, des fragments de corps féminins qui suggèrent une vulnérabilité et une intimité matinées d’érotisme.
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