"Le numismate fut pendant très longtemps presque exclusivement un collectionneur, même si l'initiateur en ses matières est largement connu par ailleurs, puisqu'il s'agit de guillaume Budé. Celui-ci fut en effet le premier à utiliser une collection à des fns scientifiques pour étudier les systèmes monétaires et pondéraux antiques (1515)...
La numismatique est pour l'historien un instrument exceptionnel de connaissance. J.-P. Callu : "Une monnaie ne parle pas aisément. Certains, par don naturel, flair ou divination, l'y contraignent. De bons instruments de travail aident les autres à y parvenir. On arrive alors à déterminer l'émission, l'atelier, l'officine, la date, le poids, le titre; avec moins de certitude, la valeur, le volume, le temps de circulation. Chaque renseignement reporté dans une colonne distincte, suscite la confrontation et c'est ainsi que se reconstitue le fait monétaire: hausse de production, détérioration pondérale ou métallique, modification nominale, accélération de la vitesse de circulation ou encore harmonisation des séries". La monnaie est d'abord une source exceptionnelle (mais délicate à manier) en matière de quantité de métal fin frappé et donc de politique monétaire, si politique réellement monétaire il y eut. Sa vie est quelquefois sans lien avec les évènements politiques. C'est ainsi que les monnaies d'argent de Néron, de bon aloi, firent longtemps prime sur le marché, même après sa mort, notamment dans le commerce avec l'Orient. Dans la réalité, elle est une source exceptionnelle de connaissance en matière politique... La monnaie, dans un monde archaîque, était l'instrument de communication par excellence pour le pouvoir. Elle seule permettait, pour les gouvernants, d'entrer en contact avec la majeure partie de leurs administrés. Le revers des monnaies était en effet un véritable "espace publicitaire", le moyen de répandre concepts, idées politiques, mots d'ordre."