Il est le meilleur ingénieur de son temps. Il a inventé le robot à tout faire et créé l’usine qui le construit.
Mais le voilà dépossédé de tout par la trahison de son meilleur ami et de la femme qu’il aimait.
Il s’enfuit dans l’avenir au moyen du long sommeil.
Avec pour seul compagnon Petronius le Sage, le chat qui sait qu’en faisant le tour de la maison, il trouvera, en plein hiver, une Porte qui ouvre sur l’été.
Si on connaît bien Robert A. Heinlein pour ses récits à la fois réalistes et matures, on ignore souvent – ou bien on occulte – qu’il a aussi écrit une certaine quantité d’ouvrages plus légers, en général rédigés pour une audience jeune et qui avaient une vocation assez nettement éducative – ce qu’on appelle souvent les « juveniles ». Une Porte sur l’été présente comme particularité de n’appartenir ni aux uns ni aux autres ; sous bien des aspects, à vrai dire, c’est un roman assez unique, à la fois dans l’œuvre d’Heinlein comme dans le genre de la science-fiction : en fait, il s’approche surtout d’une certaine catégorie de récits classiques – le conte de fées, ou du moins quelque chose qui y ressemble sous plus d’un aspect.
Pourtant, il s’agit bien de science-fiction, et non de fantastique ou de fantasy. Il se trouve juste que la manière dont les divers éléments techniques du récit se juxtaposent les uns par rapport aux autres défie tant la suspension de l’incrédulité qu’on finit par se dire qu’il s’agit bien plus d’une fable que d’un roman – ce qui ne se veut absolument pas une critique, bien au contraire. On retrouve néanmoins en filigrane certains éléments assez typiques d’Heinlein, tant sur certains aspects techniques mineurs du récit que sur divers autres d’ordre social, ou assimilé, qui ne décevront pas ses admirateurs mais charmeront peut-être les nouveaux-venus à cet auteur. Les uns comme les autres, par contre, trouveront quelques occasions de rire.
Voilà pourquoi, en dépit de son statut d’ouvrage à part dans l’œuvre de son auteur, et malgré les reproches souvent assez acerbes qu’il reçoit, Une Porte… s’avère en fait un récit tout à fait recommandable, et peut-être même tout autant réussi que n’importe lequel des autres livres d’Heinlein, y compris les plus fameux, au moins à sa manière.
Et si en plus vous aimez les chats, vous serez comblé…
Une Porte sur l’été (The Door into Summer), Robert A. Heinlein, 1956
Le Livre de Poche, collection SF n° 31818, mai 2010
288 pages, env. 7 €, ISBN : 978-2-253-02340-1