Le Cameroun a fait match nul vierge le 4 juin dernier à Yaoundé face à au Sénégal, en éliminatoire de la Can de football. Un résultat qui complique plus que jamais la tâche à Samuel Eto'o et ses coéquipiers, puisqu'une victoire les aurait rapprochés du 1er de la poule E, ce même Sénégal. Le contraire a, comme il fallait s'y attendre, été le prétexte pour les uns et les autres de réveiller comme on en a l'habitude au Cameroun, les vieux démons qui hantent la maison du football camerounais, et notamment celle des Lions indomptables, principale vitrine du ballon rond au pays des Lions indomptables.
Parmi les causes diagnostiquées, il y a cette affaire de terrain maudit de Mfandéna. Selon les partisans de cette thèse, le site sur lequel est bâti le stade omnisport de Yaoundé a été «arraché» aux autochtones, les Emombo notamment. Depuis 1971, date de construction dudit stade, les ex-propriétaires terriens n'ont jamais reçu la totalité de leur dû. Alors que le plan d'aménagement du site laisse voir que le chantier n'a pas été achevé, ou mieux que le terrain n'a pas été exploité selon le plan initial, les autochtones assistent plutôt à une poussée concurrentielle de bâtisses privées sur un terrain supposé servir appartenir à l'Etat pour cause d'utilité publique.
«C'est ce qui explique l'énervement des autochtones qui ont alors maudit le terrain ; afin que les Lions n'y gagnent plus jamais», soutenait encore un connaisseur lorsque les Lions indomptables ont manqué la qualification pour le mondial 2006 dans les mêmes conditions que récemment, sur le plateau d'une émission. On apprenait alors que des millions de francs avaient été débloqués pour satisfaire les héritiers des ayant-droit. Un geste qui «a davantage attaché les Lions, puisque ce n'est pas le bœuf qu'on égorge en de pareils cas», tente d'expliquer un confrère non moins imprégné de la tradition béti.
Après le ministre Mbarga Mboa en son temps, l'opinion a encore appris par voie de presse que pour jouer ce match capital à Mfandéna, le ministère des Sports et Samuel Eto'o ont encore fait des sacrifices à coût de millions, aux autochtones de Mfandéna. A l'intention de leurs ancêtres, pour les mêmes sollicitations. En vain.
C'est à se demander si l'irrationnel a pris le pas sur la logique sportive qui veut que l'on se prépare et se donne les moyens matériels et techniques subséquents pour gagner en retour. Si cela est avéré, le Cameroun, à son plus haut niveau, se croit ainsi chaque fois obligé de ne compter que sur des forces obscures pour gagner.
A quoi sert donc l'encadrement technique ? N'est-il pas urgent d'assainir une tanière infestée d'esprits rétrogrades ? Et même si ce problème d'irrationnel existait réellement, parce qu'on est en Afrique, jusqu'à quand va-t-on continuer à le faire, sans résultats probants ? Quelle ligne budgétaire prévoit-elle cela ? Pourquoi ne pas en finir avec les dédommagements des populations expropriées ?
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