Terminé le vin au repas.
La cuisine visuelle et zappeuse a relégué l’accord des mets et des vins à l’archéologie,
le vin appartenait à un monde olfactif, gustatif, festif… méditerranéen qui ne survit que dans nos réduits de vieille civilisation,
le vin urbain est un vin d’étiquette servi au verre, fugace, à peine notre Champagne natale, quelques italiens… et nos voisins auto producteurs persistent.
Et il y a l’automobile, le régime hypocalorique...
Succède dans les verres une incompréhensible pauvreté, misérables cartes d’eau des restaurants (gazeuse ou plate ?), y compris les plus sophistiqués, l’indigence de ces bouteilles d’eau qui évoque les linéaires inhumains de supermarché.
Boire est devenu une médecine ou un suicide (boissons sucrées industrielles).
Jamais ça sur la table de LOF.
Toujours un broc, une cruche, une jolie bouteille et dedans jamais d’eau pure, insipide, abstraction chimique.
Il faut travailler l’accord des eaux et des mets.
Faire ses eaux, ses aguas frescas.
Pour faire ces eaux on dispose facilement d’environ 250 fruits, légumes et condiments (eau de fenouil, de coriandre, de gingembre, etc.) qui en nombre de combinaisons et de dosages donnent, comme on dit, « un grand factorielle »
(il faut bien entendu ajouter à ces eaux .. un peu de vin).
Reste à explorer cet univers qui a lui aussi ses nuances de bouche, plus ou moins acide (rarement on sucre, sauf quand il faut extraire l’essence d’un zeste d’agrume en frottant un sucre en morceaux), amères, piquantes, fruitées, douces et dont la gamme de couleurs est infinie.
Qui connaît le bonheur d’une ribambelle d’eaux aux vinaigres variés, très fraîches, pour amuser les grandes salades de printemps?
Eau citron/basilic sur la tomate mozzarella, eau de bourrache anisée sur le concombre à l’aneth, eau de cerise de Cayenne avec des amandes nouvelle, eau de fraise des bois et d'amélanches douce et sucrée avec une figue fleur, etc. etc..