Il y a quelques semaines, des stars d’Hollywood et des groupes d’influence comme le Creative Coalition ont déboulé à Washington D.C. pour faire du lobbying en faveur d’une augmentation des subventions des contribuables pour les arts et la culture. On se rappellera ainsi notablement l’acteur oscarisé Kevin Spacey qui a expliqué à Chris Matthew dans son émission Hardball qu’Abraham Lincoln était un très grand passionné de théâtre qui « comprenait avoir besoin de l’art pour reconstituer son âme » (Sans surprise, Spacey ne mentionna pas où Lincoln fut assassiné ni la profession de son meurtrier).
Mais en tout cas, subventionner l’art avec l’argent des contribuables est une mauvaise idée pour au moins trois raisons :
1. L’art financé par l’impôt est de l’art facilement censuré. En décembre dernier, La National Portrait Gallery a ainsi immédiatement retiré une vidéo de quatre minute intitulée « A Fire in My Belly » après avoir reçu des plaintes d’une Ligue catholique et de politiciens comme le républicain Eric Cantor (de Virginie), ou du représentant de la Chambre John Boehner (de l’Ohio), qui s’insurgeaient contre des images montrant des fourmis trottinant sur un crucifix. Il est difficile d’imaginer un muséum privé retirer si vite et si lâchement une œuvre polémique. Mais lorsque ce sont les contribuables qui payent, ceux qui sont les plus facilement offensés peuvent opposer un veto quasi-maffieux. En fait, en février dernier, le démocrate Anthony Weiner (de New-York), scandalisé, a même appelé a l’élimination d’une statue de 1922 à New-York pour l’aspect selon lui sexiste de la représentation qu’elle faisait des femmes.2. Nous n’avons plus un rond. Les tenants des subventions pour la culture argumentent généralement que le budget de groupes comme le National Endowment for the Arts ne représentent finalement qu’un cent par citoyen, et que le coût d’un bombardier, par comparaison, est immense. Mais le gouvernement est sans le sou à tous les niveaux, et c’est donc de l’argent que nous n’avons pas. Les dépenses de défense, qui ont explosé de plus de 70% (ajusté de l’inflation) depuis 2001, devraient être considérablement réduites. Mais ça ne signifie pas que les plus petites dépenses pourraient continuer aussi, ou que les contribuables doivent à nouveau cracher au bassinet pour une nouvelle rediffusion des aventures du Dr. Who sur PBS (NDT : chaîne publique américaine).
3. C’est inutile. Rocco Landesman, le chef du National Endowment for the Arts, défendait l’octroi de subventions à des groupes comme la Troupe des Mimes de San Francisco en se basant sur le fait que ce groupe est connu mondialement et qu’il a grandement contribué à l’art en question. Ce qui revient à dire que ce groupe ne devrait avoir aucun problème à trouver des fonds auprès de mécènes privés pour l’aider. Les Américains donnent tous les ans autour de 13 milliards de dollars en dons divers pour les arts et la culture. C’est beaucoup d’argent et si cela ne suffit pas à financer toutes les demandes, des groupes comme cette fameuse Troupe de Mimes de San Francisco auront simplement à trouver de meilleurs moyens d’intéresser leur public…
Environ 2.45 minutes. Produit par Meredith Bragg et Nick Gillespie
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Traduit depuis Reason avec l’aimable autorisation du site.