Voici le communiqué original de la FASE, adopté en conseil national ce week end :
Face à la gravité de la situation démocratique, sociale et écologique, la FASE affirme l’urgence d’un rassemblement, un front anticapitaliste qui, tout à la fois, refuse de participer à une majorité dominée par le PS et ses options et porte des propositions liant mobilisations et exigences afin de permettre une transformation de la gauche, pour une alternative sociale et écologique, féministe et antiraciste.
Il s’agit de ne plus laisser subsister la séparation entre les combats institutionnels et les mobilisations qui sont à la fois sociales, écologiques, politiques et culturelles. Un large rassemblement est un moyen pour mettre massivement en débat et faire avancer les conditions économiques, sociales et politiques sans lesquelles il n’y a pas de réelle alternative.
L’enjeu est d’importance. Le risque est réel de voir s’enliser le potentiel transformateur de la colère sociale. Les exemples de l’Espagne et du Portugal viennent de le rappeler. De plus, l’alternance « gauche molle » / « droite dure » et l’absence de construction politique alternative fait le lit de l’extrême-droite. Il y a donc une réelle urgence à engager un nouveau processus.
Plusieurs initiatives, de natures très différentes, manifestent l’importance des attentes unitaires et la forme que cela peut prendre d’ores et déjà, en lien avec des mobilisations : « Limousin Terre de Gauche », l’appel adopté à Auch le 28 mai par des militant-e-s de diverses sensibilités, « l’appel pour une dynamique populaire du front de gauche »… Les mobilisations en Europe de type « les indignés » montrent elles-aussi à leur manière des capacités de rassemblement et des recherches de pratiques alternatives.
La FASE constate que le Front de gauche (FDG) constitue une ébauche de rassemblement. Elle a proposé au FDG de développer ensemble un front pour l’alternative, à la gauche du PS et des secteurs d’Europe-Écologie-Les-Verts qui sont soumis au libéralisme, dans la suite de ce qu’il a mis en chantier et des projets qu’il affirmé encore le 31 mars.
La FASE constate que les organisations du FDG ont répondu nationalement de façon positive à une grande partie de ses demandes et qu’elles proposent elles-mêmes de dépasser le cadre d’un simple cartel d’organisations.
La FASE se félicite de l’existence d’assemblées de citoyens et de militants qui permettent de lancer les bases larges et dynamiques d’un véritable front d’unité populaire. Elle appelle à en constituer sans tarder, localement et dans tous les départements, avec les camarades du Front de Gauche, des organisations qui le souhaitent et tous ceux et toutes celles qui le veulent, pour une alternative de rupture à gauche, sociale et écologique.
La FASE souhaite que le FDG dépasse et transforme son cadre actuel. Pour nourrir une dynamique d’alternative puissante et populaire, il faut créer une convergence de tous les courants de la gauche de gauche, les secteurs de lutte, associatifs et syndicaux, pour un large front ouvert aux citoyens. Certains groupes, comme Convergences et Alternative, ont déjà fait savoir leur volonté de participer à cet élargissement et à cette transformation.
La transformation du Front de gauche s’est traduite de façon différenciée selon les localités et les départements. Seule la pratique commune, en construisant un véritable front large (politique, syndical, associatif, citoyen) permettra d’affirmer cette force et cette dynamique. Rien n’est joué : les initiatives sociales, les engagements, les campagnes mais aussi les transformations acceptées par les trois organisations à l’origine du Front de gauche devront être évalués pour pouvoir confirmer le choix que nous faisons aujourd’hui.
Notre démarche continue donc à s’adresser aussi aux groupes politiques de la gauche d’alternative : Alternatifs, courants écologistes antilibéraux, FSQP, NPA, objecteurs de croissance, PCOF, etc.
Il faudra bien que le FDG dans son état actuel accepte de respecter la diversité, de donner une place suffisante aux composantes qui veulent y participer. C’est une nécessité pour que la gauche de transformation trouve sa place à la hauteur des enjeux. Cela vaut pour les candidatures aux législatives comme pour l’animation des campagnes.
La FASE est regroupée sur des objectifs de transformation sociale et écologique. Elle veillera, en stimulant ses liens d’organisation fédérative, à ce que ce processus de transformation du FDG soit un progrès, partout, dans des situations très diversifiées. Quand les obstacles à l’unité seront grands, nous prendrons collectivement les moyens pour que les militant-e-s puissent agir, regrouper, et ainsi créer les conditions d’une alliance. En tout état de cause, ce sont les collectifs locaux et leurs coordinations qui décideront en toute autonomie de leurs choix pour cette période.
Sur ces bases, la FASE souhaite donc développer un processus de discussion avec le Front de gauche dans la perspective de participer à un Front de gauche transformé. Cette démarche s’inscrit dans la perspective des élections présidentielles et législatives de 2012. Mais ce rassemblement ne peut pas se réduire à sa dimension électorale. Il doit également participer au développement des mobilisations. Il doit aussi être un outil pour mener largement la bataille des idées, pour mettre au cœur du débat public la question du projet de société.
Dans ce débat, la FASE veut porter en premier lieu des exigences d’appropriation sociale pour sortir des rapports d’exploitation ; de changement de mode de production et de consommation pour sortir du productivisme et répondre à la crise écologique ; de développement des droits ; de transformation démocratique. Dans ce cadre, l’exigence d’une constituante est incontournable. La FASE portera les axes de rupture définis dans le texte « Osons la révolution démocratique ! » [1] adopté lors de sa Coordination Nationale des 2 et 3 avril 2011.
Pour une candidature commune à la présidentielle : malgré le piège que constitue cette élection la campagne sera menée pour affirmer une volonté de politique anticapitaliste et des objectifs de transformation, pour les mobilisations comme pour les législatives. C’est bien parce que, dans le dispositif actuel, les législatives s’inscrivent dans la suite immédiate de l’élection présidentielle que cette dernière a une importance particulière. Nous avons déjà dit que la candidature la plus rassembleuse serait la nôtre. Celle de Jean-Luc Mélenchon semble aujourd’hui en mesure de recevoir un accord large, à condition de construire ensemble une campagne collective, riche de la diversité du rassemblement.