Il n’y a pas si longtemps, l’annonce d’un concert de Kofi OLOMIDE ou de tout autre star de la chanson Africaine et nous voilà nous ruant les pour acheter les billets et faire salle comble.
Hier, la France fêtait la Nuit Africaine au Stade de France. Plus des 3/4 du stade étaient vides. Que s’est-il donc passé pour ce peuple africain français, – ce peuple noir dont la légende prétend qu’il aime tant danser, secouer de l’arrière train, cet amuseur public numéro un, celui-là même qui, lorsqu’il ne distraie pas en tapant dans un ballon ou en sprintant avec vigueur, rit, rit et danse pour le plus grand bonheur du reste de l’univers, – n’aie pas répondu à ce magnifique rendez-vous du bonheur savamment concocté pour lui par des organisateurs scrupuleux ?
Oui, c’était une première ! Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour que la fête réussisse ! Que Rire et sueur s’entrelacent jusqu’à tard dans la nuit. Qu’à l’aube le bonheur se fige sur la face nègre. Que deux jours plus tard, le légendaire sourire banania soit toujours là à crisper les coins des lèvres, cette bouche noire si prompte à sourire malgré les milles malheurs quotidiennement vécus. Oui, les ingrédients étaient réunis à coups de publicité dans les grands médias français, des affiches géants aux couleurs de la joie, des voix à la radio vantant la qualité de ses magnifiques chanteurs. Oh, que oui ! Grâce à la nuit Africaine on aurait tout oublié ! Les bombardements sur la Côte d’Ivoire ? C’est pas si grave que çà, mon frère. La vie continue, n’est-ce pas ? Le bombardement sur la Libye et ses milliers, milliers des morts… Oh, que veux-tu que j’y fasse ? C’est la vie ! La vie continue, n’est-ce pas ?
Voilà que pour la première fois, les organisations africaines françaises ont décidé de réagir. Elles en avaient marre de ces stars qui ne compatissent jamais aux douleurs des peuples ! Marre de ces artistes tout en ego et en paillettes qui jamais ne disent un mot plus haut que l’autre pour ne point froisser la susceptibilité du sponsor. Ces artistes toujours d’accord sur tout. Oui Monsieur. Merci Monsieur. Merci bwana de me permettre de chanter. Vous tuez ? Tuez donc, je ne suis qu’un artiste, moi ! Vous exploitez ? Exploitez donc, je ne suis qu’un artiste moi ! Ces artistes qui comme des canards ne se mouillent jamais même lorsqu’ils marchent sous une pluie torrentielle !
Alors, alors, les organisations africaines françaises ont lancé un mouvement de boycott de cette nuit Africaine, car ont elles estimé l’Afrique est en deuil, donc son peuple ne saurait chanter ou danser.
Et elles ont eu raison, eh oui, raison ! Car le mouvement tout en sourdine a porté ses fruits au-delà de toute espérance. Hier soir, l’immense stade de France prévu initialement pour accueillir entre 70 et 80 000 personnes était vide, oui vide à en pleurer. L’evenement lancé à grande pompe n’a réussi à réunir qu’entre 5 et 10 000 personnes tout au plus. Une première expérience, un avertissement pour dire à ceux qui nous manipulent que les donnes ont changé, que l’homme noir devient chaque jour plus conscient des enjeux. Une première pour dire aux artistes Africains, que le faite d’être artiste ne les dispense pas des combats de survie des peuples, qu’ils doivent certes chanter, mais aussi s’engager de manière claire auprès des populations pour qu’enfin advienne un monde meilleur, un monde où chaque nation est respectée, où chaque individu noir ou blanc trouve sa place… En deux mots comme en mille, un monde où il fait bon vivre vivre ensemble.