Un référendum devrait donc être organisé et le peuple appelé à se prononcer sur une question vieille de deux guerres.
La question qui se pose en Suisse est complexe.
La Suisse alémanique est en gros fournie par un seul distributeur plus ou moins indépendant des éditeurs, le fameux Buchzentrum à Hägendorf-Olten. Les prix pratiqués en Suisse alémanique sont corrects, ont permis plus ou moins et permettent encore à de petites librairies de vivre ou survivre.
En Suisse romande, les tenants du prix fixe se sont réveillés avec un quart de siècle de retard. Depuis 25 ans, des dizaines de petites librairies sont mortes du fait de l’incurie du législateur et de la voracité des éditeurs.
On rappelle que la quasi-totalité du marché suisse romand du livre est au mains de trois distributeurs, eux-mêmes propriété des grands groupes français : OLF, Servidis et Diffulivre. Ces trois « entrepôts marchands » n’apportent pas grand chose au marché suisse romand.
En revanche, ils le ponctionnent de prix atteignant facilement un quart de plus que les prix français. Sans réelle démonstration d’une raison valable pour cette « taxe à la Romandie ».
En plus, les marges péniblement concédées aux petites librairies, de leur vivant, n’avaient rien à voir avec celles généreusement octroyées à Migros ou COOP, par exemple, pour leurs rayons « culturels ».
Une législation qui voudrait permettre le maintien des petites librairies n’a donc plus aucun sens aujourd’hui : on les a fait mourir avant.
De plus, un prix fixe sera toujours contourné par les grands groupes au moyen de prix d’appel sur actions spéciales ou des importations parallèles. Enfin, les sites marchands sont actuellement des acteurs importants du marché et ne se tiennent que peu ou prou à la règle française.
Une fois encore, la Suisse arrive comme la grêle après la vendange. En plus avec une pâle copie de la loi Lang qui restera sans aucun effet sur les buts poursuivis. Dommage mais tellement typique.