Me revoilà pour ma sixième participation au défi steampunk du Lord. Fidèle à mon soucis d'alternance, je reviens pour vous présenter une nouvelle bande-dessinée. Bien sûr pas n'importe laquelle, mais celle qui fait référence dans le genre qui nous intéresse ici, je veux bien sûr parler de la célèbre BD scénarisée par le non moins célèbre Alan Moore ; je veux parler de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires bien sûr !
En cette fin de XIXème siècle, Wilhelmina Murray est chargée par Mr Bond, émissaire du mystérieux "M", de retrouver des grandes figures de l'époque afin d'aider l'Empire Britannique. C'est ainsi qu'elle se rend dans une fumerie d'opium du Caire pour y sauver le fameux Allan Quatermain. Aidés par le capitaine Nemo, il parviennent ensuite à rejoindre Paris. C'est dans la rue Morgue qu'il doivent retrouver un certain docteur Jekyll...
Porté par les dessins impressionnants de Kevin O'Neill, qui savent à merveille passer du minimalisme au gigantisme (certaines planches ont tellement de détails, racontent tellement de choses qu'il faut y passer quelques minutes pour être sûr d'avoir vraiment fait le tour), le scénario d'Alan Moore ne me déçoit nullement. En effet, au vu de la réputation qui précédait cette bande dessinée, j'avais quand même peur d'être un peu déçu. Alors certes j'avais vu le film (assez moyen il faut dire, mais on aura l'occasion d'y revenir...), et je savais que Moore était en total désaccord avec le résultat final sur grand écran (on comprend aisément pourquoi en lisant la BD, car c'est vrai que le film est tout de même très édulcoré), mais je ne m'attendais pas à autant de superbe (malgré je pense quelques problèmes de traduction).
J'ai de la chance d'avoir trouvé l'intégrale (en fait, c'est la première partie de
l'intégrale qui, visiblement, compte deux tomes), car je pense qu'elle correspond le plus à ce que Moore voulait en faire. Oui, car l'hommage qu'il rend à la littérature populaire du XIXème, il le rend aussi par la forme feuilletonesque de cette BD. Ici, nous avons les six premiers épisodes d'une série. Chaque numéro nous révèle l'apparition d'un nouveau personnage, puis les secrets que certains tentent de cacher. C'est splendide, violent, tendancieux, anarchistes parfois... Et puis, il y a une telle culture derrière chaque page (OK, parfois, on se dit que la ficelle est un peu grosse ou même certaines références sont carrément des contre-sens) qu'on se trouve soufflé par une telle maestria. On en redemande tellement c'est bon. Oui, il est grand temps que je trouve la deuxième partie de cette intégrale magnifique.Bon, venons-en au Steampunk à présent, car c'est bien cela qui nous intéresse ici. Et bien, on n'est pas vraiment déçu car cette bande dessinée n'a pas usurpé sa réputation d'oeuvre de référence du genre. Le Nautilus d'O'Neill est l'une des machines uchroniques(1) les plus belles qu'il m'ait été donné d'admirer dans une BD. Le dirigeable(2) du grand méchant final n'est pas absolument magnifique à mon goût, mais il est tout de même bien présent. D'ailleurs, ses pilotes ont de magnifiques goggles(3) rouges du plus bel effet. En ce qui concerne les machines à vapeur(4), j'en ai croisé au moins une au détour d'une page, et elle était absolument splendide : il s'agissait d'un engin pour nettoyer les rues. Sans trop dévoiler le noeud de l'intrigue, il y a dans cette BD un savant totalement déjanté(5) qui veut asservir le monde. Il s'agit de l'un des plus grands méchants de la littérature populaire de l'ère victorienne(6). Enfin, du métal riveté(7), des engrenages(8) et des manomètres(9), on en trouve à la pelle, ne serait-ce que dans le fameux Nautilus, déjà cité.
Voilà, comme vous pouvez le constater, cette bande-dessinée n'usurpe pas du tout sa réputation d'oeuvre majeure steampunk. Outre le plaisir de lecture qui nous plonge dans les méandres d'une intrigue relativement complexe, il y a aussi le plaisir des yeux. Un régal !
note :
manomètre : 90%
A.C. de Haenne