Là rougeoie le feu dans la nuit des puits sous terre dans le roc dans la nuit du roc menaçant où s’enfoncent les ascenseurs.
Les ascenseurs forent la nuit et forent l’épaisseur du roc l’épaisseur du roc fait nuit l’épaisseur des nuits faites roc.
Les ascenseurs veulent se rapprocher du centre de la terre. Obscur. Ils veulent se rapprocher du centre obscur et rougeoyant.
Ils veulent se rapprocher des fours chtoniens et du silence compact. Du silence compact et noir qui n’a que menace à nous dire.
Nous discutons. Dans l’ascenseur qui veut nous remonter au sol. Il nous déposera, nous crachera aux frontières du crépuscule. Au seuil d’un lieu où, pour entrer, il nous faudra montrer patte blanche.
Au fur et à mesure que l’ascenseur monte, il y a des paliers. Comme autant de seuils qui n’ouvrent que sur le mystère noir, opaque.
Sur le silence accumulé par poches entières dans les roches. Sur le silence accumulé dans les roches masse de nuit brillante.
On voudrait pénétrer profond dans ce lourd giron terrien noir…dans ce lourd giron charbonneux et opaque qui cependant ressemble, avec ses reflets, ses veines de brillance, à une voûte céleste.
Les blocs de roche agglutinés, étouffants, étincèlent autour.
Porteurs de milliards de voies lactées vitrifiées et suspendues.
Et l’on voudrait cheminer, se frayer un chemin dans leur épaisseur. Qui sait, pour rejoindre les esprits chtoniens enkystés en-dedans.
Pour rejoindre les dieux centraux, les dieux du centre de la Terre.
Les mêmes que révéraient les hommes d’Altamira ou de Lascaux.
Derrière chaque roc brillant et informe, je le sais, se cache un esprit
Chaque pli de nuit rocheuse abrite une respiration ténue, secrète.
Les anfractuosités électriques, orageuses du roc appellent.
Mais le ballet absurde, imperturbable des ascenseurs va. Il continue ; de haut en bas – de bas en haut ; morne routine. Morne routine que sont seuls à rythmer les grincements de poulies.
Les bonds d’antilope des esprits de la roche se poursuivent…
Chaque anfractuosité me fait l’effet d’une paupière soulevée.
Soulevée par la menace d’un coup de grisou imminent.