Ah Marvel Noir … Si une collection de comics Marvel récente semblait avoir tout pour elle, sur le papier, c’est bien celle-ci. Replacer des super-héros mythiques dans le contexte des années 30, touchées par la crise économique alors qu’une guerre se prépare était une idée alléchante. On en attendait beaucoup de ce mélange marvel – film noir, et qu’a-t-on obtenu ? Je ne pense pas être le seul à exprimer mon mécontentement vis-à-vis de la plupart des mini-séries estampillées « Noir », les volumes consacrés aux X-men sont d’une qualité douteuse (comme la majeure partie des comics récents consacrés à cette franchise.) ceux sur Spiderman sont à peine meilleurs, et je passerai sur celui dédié au Punisher (personnage que je n’apprécie pas tellement, à l’origine.)
Cependant, deux mini-séries sortent du lot, sans problème, chacune pour une raison extrêmement différente. Daredevil Noir nous plonge dans le Hell’s Kitchen des années trente, en plus craspec et glauque que celui auquel on est habitué, et nous livre un récit bien ficelé, dans lequel notre héros rencontrera une « femme fatale », en la personne d’Eliza, qui n’est pas sans nous rappeler Elektra, et sera confronté au Kingpin. On pourra reprocher à ce volume d’être trop proche de la série d’origine, les modifications apportées étant surtout faites afin de replacer l’histoire dans le contexte historique de la collection « Noir » (on imagine mal un avocat aveugle dans les années 30, ainsi Matt Murdoch est présenté comme un simple assistant de détective privé.) On sera heureux de retrouver un Kingpin encore plus cruel qu’à l’accoutumée, et une intrigue digne de ce nom, le tout servi par un graphisme de qualité, sombre comme on pouvait l’attendre dans cette collection, bien qu’on puisse aussi lui reprocher d’être presque semblable au style actuel de la série régulière, le trait rappelant fortement celui de Maleev.
L’autre série que j’estime réussie dans ces versions » Noir » de l’univers Marvel est Iron Man. On est cette fois assez loin de l’ambiance « film noir » que revendique pourtant l’éditeur et on se trouve en présence d’un récit d’aventures à l’ambiance « pulp », proche d’un Doc Savage ou d’un Indiana Jones (ce qui est ici renforcé par la présence de nazis). Ceux qui maîtrisent l’univers Iron Man seront ravis de rencontrer des versions alternatives de personnages mythiques de la série, comme Madame Masque, et plus largement distinguer des clins d’oeil à d’autres comics estampillés Marvel (mention spéciale à Namor, qui semble ici issu d’un récit de Jules Vernes, ceux qui ont lu 20 000 lieues sous les mers comprendront.) On soulignera aussi la probable influence des films, Tony Stark étant ici un plaisantin invétéré, tennant beucoup d’un Robert Downey Jr, et la relation qu’il développe avec Pepper reste proche de ce que l’on a pu voir chez Jon Favreau, on appréciera, ou non, c’est une simple question de goût. Un mot sur les dessins : le graphisme n’est pas véritablement sombre et colle à l’ambiance « pulp » du titre, les couleurs restent cependant assez « ternes » de façon à rester dans l’ambiance années trente de la collection qu’il semble pourtant « trahir » pour notre plus grand plaisir.