Un OTELLO sobre et efficace à Bastille

Publié le 12 juin 2011 par Popov

Otello à Bastille : maure and maure

Deux raisons d'aller voir Otello à Bastille. Un, il n'est jamais trop tard pour entendre une des plus grandes cantatrices, Rénée Fleming dans le rôle de Desdémone (ça se passe de commentaires et d'ailleurs je n'en ferais pas). Deux , la découverte d'Alexandrs Antonenko, un costaud bien proportionné qui donne un Otello à la mesure de ce que souhaitait Verdi, c'est à dire tout le contraire de Rossini, un Otello qui ne soit pas seulement le Dindon de la tragédie mais qui agit, aime,fait de la peine. Le livret allégé de la période Vénitienne est d'une efficacité dramaturgique à faire pleurer dans la salle comme dans les coulisses(l'air du Saule fait des ravages lacymaux). Ces deux grandes voix suffisent à tenir à haleine et émouvoir même si on a connu Andrei Serban, le metteur en scène plus inspiré(notamment dans L'Italienne à Alger donnée à Bastille). Le direction d'Armiliato est sobre et sentie et celle de Di Stefano pour les choeurs assurent cette présence lourde de la responsabilité collective et de la passivité face au mal absolu incarné par un Judas de proximité ,Lucio Gallo qui dessine un Iago si humain, si faible...Récapitulons : intrigue tendue et forte, interprétation remarquable et passionnée, mise en scène qui ne gêne pas la lecture, discrète, musiciens émus d'incarner la dernière oeuvre d'un vieil homme au sommet de son art. Pourquoi bouder notre plaisir ?