Céline Sciamma installe en quelques images le trouble. Et entraîne le spectateur dans son histoire. Elle ne le lâchera plus.
Les conditions de l’ambiguïté sont justes : la prochaine naissance d’un enfant (un garçon) conduit la famille à déménager. L’arrivée dans un nouvel environnement provoque sans préméditation le jeu sur son identité de l’aînée, Laure (Zoé Héran). Il y a, dans la cité, un groupe de garçons qu’elle veut rejoindre ; une fille (Jeanne Disson) qu’elle croise la prend pour un garçon : Laure dit s’appeler Michael. Il n’y a là rien de malsain. C’est un jeu de cache-cache. Les bois qui entourent la résidence s’y prêtent bien. Et dans ce jeu, bien malin qui pourra dire si Michael-Laure cherche la compagnie d’un groupe de garçons ou celle d’une autre fille.
Pendant quelques semaines, Laure et sa sœur (Malonn Lévana) vont mettre à l’épreuve leur complicité (la plus menteuse n’est pas celle qu’on imagine), tenir à distance la prochaine naissance (qui va sans doute modifier les relations familiales), essayer les rôles sociaux…
C’est un film tendre, qui évoque l’enfance, la sortie de l’enfance, le temps où s’affrontent désir et réalité, le temps où assumer son propre nom est décisif : ce n’est plus seulement celui qui nous a été donné, c’est celui qui va nous désigner dans la vie sociale, amoureuse, psychologique. « Comment tu t’appelles ? »