Pour son anniversaire, 90 ans, ou pour celui de sa mort, 30 ans, Georges Brassens se voit offrir une belle exposition à la Cité de la musique : « Brassens ou la liberté ». Et l'on a confié à Joann Sfar et Clémentine Déroudille l’emballage de ce joli présent en forme de retour vers le passé. On compte alors sur le talent de conteur et la drôlerie de l’un, et l’on sait que l’autre, présidant à la collection « La Voix au chapitre » des éditions Textuel, ne sera pas en reste.
Il n’y aura pas de surprise, et rien de précieux non plus, beaucoup de chansons que l’on croit connaître déjà, des photographies en noir et blanc et des voix qui grésillent : uniquement l’histoire d’une vie et son harmonie. Mais il y a aussi dans l’immensité de l’exposition, des perles que l’on découvre entièrement. Ainsi en fut-il de l’émission « Les livres de ma vie » présentée par Michel Polac et qui recevait en 1967 Georges Brassens et son ami René Fallet, ils bavardent à propos de littérature, ce qu’ils ont lu et relisent et ce qu’il reste à lire aussi. Et c’est à ce moment-là que Georges Brassens, en même temps qu’il donne le remède au vertige littéraire, définit en creux l’amitié : « Il n’est pas question de tout lire, il est question de lire simplement ce que vos amis aiment ».
Un peu plus loin, sur le parcours de l’exposition, on reconnaît sur une vidéo,« l’échange sur l’engagement » qu’il y avait eu entre le libertaire Brassens et le communiste Ferrat en 1979 et dont on n’avait retenu qu’un dédain du premier pour la naïveté de l’autre. Il est enfin temps d’écouter l’entretien dans tout son long, de constater, en effet, l’opposition inexorable, et souvent inhérente à chacun, entre individu et action collective. Mais, surtout, d’entendre ce dialogue intelligent, d’entendre ces deux s’écouter, se comprendre et continuer à ne pas être d’accord.
Alors, bien sûr, l’incompréhensible part critique ne peut s’empêcher de se dire que le succès d’une telle exposition est aussi le succès de la nostalgie. Et la mise ne scène de l’exposition n’en fait pas l’économie, c’est ainsi qu’il nous faut décrocher de vieux téléphones pour entendre la voie de Brassens sur le jazz, les mots (gros ou interdits), les animaux... Mais, aussi, l’on se dit qu’ils sont si peu nombreux, aujourd’hui, ces moments où le discours de ceux qui parlent nous apaisent par leur intelligence.
"Brassens ou la liberté" jusqu'au 21 août 2011
Cité de la musique 221 avenue Jean Jaurès 75019 Paris