A good man goes to war
Saison 6, Episode 7 sur 13
Diffusion vo: BBC 1 – 4 juin 2011
Le docteur et Rory partent à la rescousse d’Amy.
J’ai un problème avec Steven Moffat. Je crois que si vous me lisez encore, vous l’aviez senti. C’est un scénariste capable du meilleur comme du pire. Mais surtout, c’est un gamin. Et je ne dis pas ça péjorativement mais voilà, écrire Doctor Who est le rêve de sa vie et maintenant qu’il en est à la tête, il est comme un gamin dans un magasin de jouets. Et le problème est que ça ne va pas avec le modernisme de la société d’hyper communication. En l’occurence, même si j’évite toute promo autour de Who, je n’avais pas échappé à la promesse d’un cliffhanger de folie, le truc qui va nous retourner tout l’été et tout ça. Et du coup, apprendre l’identité de River en cliffhanger est décevante.
Faut pas faire chier le centurion romain !
Le problème est que cela s’est vu venir très vite dans l’épisode. Trop vite. C’était devenu une évidence et l’épisode en rajoute une lourde couche juste avant que River explique qu’elle est Melody Pond. Et là, je suis resté: « Oui, ok, et ? ». Et ne voyant rien venir derrière « Putain, c’est ça son plus grand méga génial cliffhanger de tous les temps passés, présents et à venir ? » On peut donc dire que sa trop grande excitation a suscité trop d’attentes de ma part et le manque de subtilité dans les indices durant l’épisode ont plombé complétement cette révélation qui s’avère quand même un putain d’élément clé de toute la mythologie Who. River est là pour toujours maintenant vu qu’elle est seigneur du temps-pisé. On peut la ressortir tout le temps, à l’instar des Daleks ou des Cybermen. Elle entre ainsi dans le panthéon des personnages indéboulonables de l’univers Who. Et cela se fait de manière décevante. Dommage.
Ou bien, elle ne survivra pas à Moffat. Il a bien un clone féminin du docteur qui se ballade dans l’espace je vous rappelle. Jenny de son petit nom, une time lady du coup, qui ne semble pas avoir survécu à l’ère RTD. On ne la revoit plus, on ne sait pas ce qu’elle est devenue, juste qu’elle n’est pas morte. C’est bien dommage. Donc peut-être que River subira le même sort.
Et il n’y a pas qu’avec River que l’épisode a merdé. Le plan de madame Kovarian est aussi très prévisible. Le docteur gagne trop facilement, les discussions avec la sillurienne sont trop longues. On comprend bien trop vite que le bébé n’est qu’une copie « flesh », chose assez évidente d’ailleurs. Cela se comprend assez vite rien qu’avec la méchante. Je la vois mal avoir fait tout ce plan pour se venger sans n’avoir rien prévu comme plan de secours. Et comme elle dispose de la bien pratique flesh …
Pas si gentil qu'il n'y parait ...
Mais Moffat peut aussi écrire du tout bon. Et c’est le cas dans cet épisode avec les recrues de l’armée du docteur. Ils ont peu de temps d’antenne mais ce sont clairement les meilleurs personnages d’un épisode pour cette demi saison. Je ne peux pas croire que vous ne vous soyez pas attaché au sontarien, au couple de la sillurienne et sa servante et/ou la groupie du docteur. Ou alors je suis trompé par la ressemblance avec du RTD qui était fort pour rapidement rendre attachant des personnages d’un jour. Cette impression de revenir à la bonne époque de Who quoi.
Cela se ressent aussi dans le rappel d’une forte idée de la fin du run de RTD qui établissait que le docteur se créait une armée avec ses rencontres. On le voit bien ici. Il ne va pas chercher de l’aide mais des soldats pour mener la guerre. Lorna est un excellent exemple de l’influence du docteur. Elle le vénère presque et a orienté toute sa vie dans l’espoir de le revoir et se sacrifie pour lui alors que lui n’a pas la moindre idée de qui elle est. C’était un moment assez fort de l’épisode.
Un autre moment fort est celui du sens du mot docteur. On lui donne notre sens terrien de guérisseur de part ses multiples actions pour sauver la race humaine. Il est un sauveur, comme pouvait avoir comme sens le mot docteur dans les anciennes civilisations humaines. Mais pourquoi aurait-il le même sens dans d’autres cultures, pour d’autres civilisations ? Et lui donner le sens inverse du notre, à savoir celui du guerrier implacable, du tueur est fort et colle parfaitement à l’image que renvoit les compagnons et connaissances du docteur. Et le docteur perd soudainement tout son aura et en devient inquiétant, bien porté par le jeu de Matt Smith qui aide parfaitement. Le docteur n’est plus une bonne personne à mes yeux à ce moment-là et les actions de madame Kovarian se comprennent. Du moins dans l’idée. Elle est une victime d’un être tout puissant, d’un dieu injuste qui détruit les uns pour laisser les autres vivre. Les épisodes précédents nous préparaient d’ailleurs à celà puisqu’il pousse quand même toute une espèce à l’auto suicide pour « sauver » l’humanité qui avait vécu avec eux depuis des siècles pourtant. De quel droit décide t’il que telle espèce mérite de survivre plutôt que telle espèce ? Tous les épisodes jusque là préparaient à cette idée après le docteur 10 qui laissait une chance à chaque fois avant d’exterminer. 11 y va sans hésiter au contraire. 11 n’est pas un docteur sympathique, c’est clair. Malheureusement, l’extrémisme et le sadisme de Kovarian empèche qu’on puisse adhérer à sa cause. On ressort finalement sans savoir qui supporter puisque ni le docteur, ni Kovarian n’ont raison. Ni tort d’ailleurs. La série va donc loin, très loin dans le sombre alors qu’à la base, c’est quand même censé être une série très familliale, incluant les jeunes enfants. Et le docteur « noir » de Moffat n’est pas le plus conseillé à montrer aux jeunes enfants quand même.
Bref, 8/10
Un final intéressant à suivre, qui développe très bien d’excellents points et de bons personnages d’un jour, mais qui pèche également par une trop grande prévisibilité et une lourdeur d’écriture dans les moments « révélations » faisant tomber ceux-ci à plat.
Rendez vous à l’automne pour la suite !