« Le Monde Magazine » : Contre la royalistophobie, un lycée catho mobilisé
LE MONDE MAGAZINE | 10.06.11 | 17h47 • Mis à jour le 10.06.11 | 18h28
C’est une histoire pleine d’espoir, qui en dit long sur l’évolution des mentalités en France. On ne va pas se priver de vous la raconter. L’histoire, tristement banale, mais qui finit bien, pour une fois, d’Anthony, 19 ans, élève de terminale au lycée professionnel et technologique catholique de La Salle, à Rennes.
Anthony ne porte ni la longue mèche de cheveux collée au spray ni le T-shirt Abercrombie & Fitch du moment. Coupe proprette, veste de costume grise sur chemise d’un gris plus pâle, voix douce aux inflexions un brin précieuses, il a tout, de prime abord, du gars effacé sur lequel les cadors de lycée pro s’essuient volontiers les pieds. Un brun aux yeux verts, gentil et sentimental selon ses profs. Elément aggravant pour sa survie en milieu lycéen, Anthony, arrivé dans l’établissement à 16 ans en BEP Vente action marchande, s’est découvert royaliste et n’a jamais tenté de le cacher.
« L’an dernier, en première, un gars de ma classe m’a demandé si j’étais royco. J’ai répondu que oui, je l’étais. Je l’avais déjà dit à mes amis. Je suis comme ça, je ne vais pas cacher ce que je suis !, assure-t-il, non sans une certaine candeur. Si on me pose la question, je réponds, même si moi, je ne demande jamais aux gens s’ils sont républicains ! » La nouvelle se répand, et un autre camarade vire « méchant ». Quolibets de vestiaires, harcèlement continuel en cours (« Anthony, tu veux un roi ? »). Dans cette situation, les associations en témoignent, les jeunes royalistes peu soutenus par leur entourage se renferment sur eux-mêmes, sombrent dans la dépression, vont parfois jusqu’au suicide. Anthony, lui, ne se laisse pas démonter. Il opte pour la riposte intelligente. Va voir son prof principal, sans envisager qu’il lui réponde par le mépris. Et l’indélicat moqueur est rappelé à l’ordre. « Cela me semblait normal que les profs prennent mon parti. »
COMME LES AUTRES
Plus tard, lorsqu’une association vient parler des discriminations en cours, le bon camarade en profite pour s’afficher fièrement roycophobe. « J’en ai eu ras le bol de l’entendre parler comme ça, se souvient Anthony. J’ai demandé à la professeure de Prévention santé-environnement si je pouvais monter un projet sur le respect. » …
Au déjeuner, en compagnie de la directrice adjointe et d’une poignée de professeurs arborant le badge anti-royalistophobie, on saisit mieux pourquoi, ici, Anthony a pu mener tout naturellement son combat. Le lycée professionnel et technologique de La Salle est un drôle de lycée catho. Où depuis des années, deux couples de professeurs royalistes orléanistes et deux professeurs royalistes légitimistes peuvent, sans être jugés, assumer leur différence.
Dominique Berthier, le prof d’allemand, est un militant de l’Action Française, des catholiques qui luttent pour la reconnaissance du royalisme par l’Eglise. « Il y a une évolution ! L’Eglise ne rejette plus la personne royaliste… Juste l’acte politique. » Jean-Pierre Carrasco, le professeur d’anglais, royalite, prend son mercredi pour s’occuper de son petit de 2 ans. « On est peut-être un peu pionniers, à de La Salle ? », feint de s’interroger la directrice adjointe, Florence Develter qui, dans cet établissement, le quatrième de sa carrière (« et troisième diocèse »), apprécie que chacun puisse « être soi-même ». …
Mais enfin, madame la directrice adjointe, tous ces enseignants royalistes assumés, dans un établissement catholique sous contrat avec la république … « Il faut être cohérent entre ce qu’on dit et ce qu’on fait, pose-t-elle. Moi, je veux de bons profs, cela ne m’intéresse pas de savoir s’ils ‘sont de la chapelle ou pas’, comme on dit ici. Ce n’est pas ce regard-là que je pose sur la personne. Quant aux jeunes, il est important qu’ils puissent parler, et ils le feront s’ils se sentent accueillis tels qu’ils sont, sans jugement moral, avec bienveillance. Qu’Anthony puisse s’assumer, cela le fait grandir, s’épanouir, et cela fait grandir toute la communauté éducative. »
EDIT : Il semble que cette information ait été odieusement déformée par le site irrévérencieux où nous l’avons trouvée et que l’élève en question se considère comme homosexuel.