La légende de Berthe de Joux

Publié le 11 juin 2011 par Alexcessif
Uchronie. 
« Berthe épousa, au 12e siècle, le sire Amaury de Joux. Peu de temps après, Amaury partit en croisade en Terre Sainte en quête du Saint Graal.
Il y avait, rapporté par Moïse, le 1er commandement : « Tu ne tueras point! »
Il y eut le premier amendement par le pape Urbain II :
« Tu ne tueras point…..Sauf les infidèles!» et commencèrent la boucherie des croisades ainsi "légitimée" par la religion et l’interprétation de Zebigboss.
Quatre années plus tard l’horoscope du jour prédît à Berthe : "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, "la tête en friche" qui va s’occuper de votre jachère."
Ce matin-là, un chevalier blessé se présenta au château : il s’agissait de l’ami d’enfance de Berthe, Aimé de Montfaucon, qui revenait de Terre Sainte pour lui annoncer la mort d’Amaury, son époux. »
Assez bien tourné le damoiseau. Une glabelle franche séparait des yeux clairs emplis de la détresse de ceux qui avaient vu la mort de prés. La mâchoire était virile, le menton volontaire et son teint lumineux contenaient un reste d’enfance rehaussé par une petite boucle blonde et rebelle sur un front large. Ce charmant assortiment de père rassurant et d’enfant à consoler firent naître un troublant émoi dans la chair de Berthe et puis la traversée du désert c’est marrant cinq minutes.
Nous avons les dialogues. Avec l’aimable autorisation des éditions Nougaro :
 Aymé de Montfaucon :
"-Ah Tu verras, tu verras
Tout recommencera, tu verras, tu verras
Berthe :
-    - Oui mais quand même il est mort, c’est pas cool, répondît Berthe. La vie, c'est fait pour ça, tu verras, tu verras
Tu verras mon stylo emplumé de soleil
Neiger sur le papier l'archange du réveil
Je me réveillerai, tu verras, tu verras
Tout rayé de soleil, ah, le joli forçat!
Et j'irai réveiller le bonheur dans ses draps Je crèv'rai son sommeil, tu verras, tu verras Je crèv'rai le sommier, tu verras, tu verras En t'inventant l'amour dans le cœur de mes bras Jusqu'au matin du monde". "Le Seigneur de Joux étant parti guerroyer laissa sa jeune épouse bien enchevetrailler. Un Jeune damoiseau d'une scie armé, délivra la pauvresse et en fit sa maitresse..." Une ceinture de chasteté ! L’horreur! Le truc avec digicode,  serrure trois points et relié au commissariat.
Motivé, reconnaissant et bricoleur Aimé se souvint de son CAP de serrurier, ainsi le bien nommé de Monfauxcon s’occupa du sien libéré, tendre, chaud et véritable blason*. Nous avons la cassette du dialogue des amants avec l’aimable autorisation des éditions Clément Marot de la S.A l’amour courtois enrichi des éditions Claude François, le jouet extraordinaire. Devant, derrière, en haut, en bas ! "-ââââh ôôôh ouiiiii, ôçébon, ôkeçébon, splashsplash, cépapossib’, nonpalà, bontempimèdugel,aïe,ouiiiii  zouip-zouip, encore ! Râââââh!"

La V.O de l'ami Marot

Pas la peine de traverser le désert "Le Saint Graal" était là, tous prés entre les jambes de Berthe. Un scientifique, Graffenberg, des siècles plus tard lui donnât le nom moins romantique de point G que d’aucuns cherchent encore. Aymé de Montfaucon, au charme de ses yeux qui virent la mort de prés,  sur le visage eut la valeur ajoutée du bonheur de ceux que les reines ont aimé. Du pays des maures et de chez les morts un revenant bien vivant surgit à l’improviste, crotté, maussade et mauvais joueur celui qui n’avait pas trouvé son Saint Graal. Amau-rit pas du tout de cette tromperie. Bouffer du sable et du chameau, cocus par le pape et par son meilleur copain, il y a là de quoi aigrir un caractère déjà mal éduqué par les mœurs de l’époque peu enclines au pardon. Alors au lieu de se faire un petit bonheur façon Abram Room….mais je laisse la parole aux protagonistes car  nous avons la cassette du dialogue. Avec l’aimable autorisation des éditions Barbara & Nougaro. Berthe :
-   Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
Voilà combien de temps que tu es reparti
Tu m'as dit: "Cette fois, c'est le dernier voyage"
Pour nos cœurs déchirés, c'est le dernier naufrage.
-   Tu m'as dit : Au printemps, je serai de retour
Le printemps, c'est joli pour se parler d'amour Amaury -    Oui, mais Saint jean d’âcre, c’est pas la porte à coté. Berthe -Je n’ai pas la vertu des femmes de marins. Amaury
-   J’ai le droit pour moi et le feu vert d’Urbain pour trucider les infidèles , Et je t'insulterai dans du verre brisé
Je serai fou furieux, tu verras, tu verras
Contre toi, contre tous, et surtout contre moi
La porte de mon cœur grondera, sautera
Car la poudre et la foudre, c'est fait pour que les rats
Envahissent le monde -   Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin ! -   Ah tu verras, tu verras. «  Et sa jeune épouse, fit enfermée dans un cachot de 2m2 sous la garde de quatre soldats à son "bonheur" entièrement dévoués... Pas de chauffage, un seul repas et pour agrémenter son repentir, une seule meurtrière creusée dans le mur de la geôle d'où elle avait vue directe sur le cadavre de son amant pendu à une potence qui faisait le régal des corbeaux et autres charognards des bois alentours... La jeune fille avait seize ans et son jeune amant tout autant ! » A la mort d’Amaury, Berthe se retira à l’abbaye de Mont benoît, où elle mourut à l'âge de 60 ans. Les femmes portent l’amour au-delà de la haine des hommes. Le peuple fendue plus fort que la tribu des poils aux pattes mais cela, déjà, on le savait! Le dernier mot à la légende : les larmes de Berthe de Joux coulent encore et c’est là l’origine de la couleur et de la source bleue. Près de huit siècles plus tard, certaines oreilles exercées entendent encore, lorsque la bise souffle la nuit près du retranchement du Chauffaud,sa prison: "Priez, vassaux, priez à deux genoux,  Priez Dieu pour Berthe de Joux!"
*(merci Brassens, "le blason")