15h45 : Devant les portes de M-REAL, les ouvriers se réunissent peu à peu. Ils ont décidé de covoiturer
ou d’attendre le bus d’Alizay qui passera dans quelques minutes.
16h15 : Tout le monde est en route pour Evreux. Un fourgon de la gendarmerie attend dans un virage
comme pour mieux évaluer le nombre de manifestants… la Préfecture s’inquiète.
17h00 : Devant le parking du Bel-Ebat, 150 salariés prennent la direction de la Préfecture où doit se
dérouler la première réunion du comité de suivi - Bruno LE MAIRE, Ministre de l’Agriculture, ayant
refusé l’appellation du comité de vigilance… - et pourtant, il s’agit bien de cela.
De nombreux élus de toute la région ont rejoint les salariés.
17h15 : Madame la Préfète accueille la délégation de représentants syndicaux, d’élus et de représentants
de partis politiques. La presse est admise à rester quelques minutes pour immortaliser le moment, puis les discussions débutent à huis clos.
17h30 : La rencontre pourrait se terminer… Les 5 représentants de l’Etat présent n’ont pas grand-chose
à dire. Les banalités témoignent de l’état d’avancement zéro. Alors la situation s’inverse. Ce sont les représentants syndicaux qui commenteront les informations qu’ils auront réussi à glaner…
On marche sur la tête.
La représentante du Ministre de l’Agriculture, à droite de Madame la Préfète, se tait, prend quelques
notes. Soit elle a eu la consigne de se taire, soit elle n’a rien à dire. Dans les deux cas, on croit rêver.
Malgré tout, chacun prend la parole et évoque un formidable outil industriel. Alizay borde la Seine.
Le fleuve est devenu un enjeu majeur au plus haut sommet de l’Etat. En région, le projet de plateforme
pourrait se poser ici.
L’Etat néanmoins, par l’intermédiaire d’une Préfète volontaire, peut accompagner un vrai projet de réindustrialisation. La Région, comme le souligne Guillaume Bachelay, peut mobiliser ses aides. On parle
au total d’une somme de 100 millions d’euros qui pourra constituer la corbeille de la mariée.
Mais à qui la proposer ? La question reste entière et sans des contacts sérieux et rapide, sans une
volonté forte du Ministre, sans une intervention de l’Etat, la noce n’aura pas lieu.
18h20 : Madame la Préfète propose une prochaine rencontre le 23 juin à la Sous-préfecture des Andelys,
plus tôt si nécessaire.
La délégation insiste pour se fixer sur un ordre du jour. Nous avons besoin de réponse et les syndicats
ne peuvent pas être les seuls à partager leurs informations.
Il s’agira de convaincre la direction finlandaise de M-REAL de repousser la date fatidique du 30
septembre car nous avons besoin de temps. La délégation réclame par ailleurs de pouvoir consulter le
cahier des charges, transmis par MREAL aux deux cabinets missionnés pour trouver un repreneur.
Enfin, il sera nécessaire d’obtenir l’avancée des discussions entre le Ministre et des contacts connus,
mais aussi les premiers résultats de l’AFI (Agence Française d’Investissement) missionnée, elle,
par l’Etat.
Avant de partir, l’invitation est lancée au Ministre Bruno LE MAIRE.
Il a promis de venir visiter le site : « …alors qu’il participe à la Journée d’action Nationale de la filière bois/papier qui se tiendra le 30 juin sur le site d’Alizay »… Sa représentante avoue ne pas avoir son
agenda mais promet qu’il viendra… mais quand ?
18h40 : Devant le Préfecture, les salariés attendant les conclusions de la rencontre. Chacun est inquiet
mais tous veulent croire à une issue heureuse même si, avouons-le, la situation est dure à vivre pour
des salariés qui voient depuis 2006 les plans sociaux se succéder.
Une chose est sûre, la mobilisation doit s’amplifier dans les prochains jours et les syndicats promettent
de nouvelles actions.