Dans les années 50, en Angleterre, deux demi-sœurs, Olivia et Emily, mènent des vies de petites filles heureuses auprès de leurs parents qui, veufs à la sortie de la guerre, viennent de se rencontrer et de se marier Elles ont le même âge et se jalousent terriblement jusqu’à l’arrivée de Rosie, leur petite sœur, l’enfant chérie du couple, de dix ans leur cadette, qui attire et retient toute l’attention de leurs parents. Leur jalousie les poussera même à vouloir se débarrasser de ce bébé encombrant en lui glissant dans la bouche des baies empoisonnées. La petite sera sauvée à la dernière minute mais les aînées s’en ressouviendront beaucoup plus tard quand cette petite Rosie si mignonne leur aura bien pourri la vie avec ses airs de sainte nitouche qui leur a cassé en douce leurs mariages et qui veut récupérer à tout prix l’héritage à la mort des parents. C’est une histoire qui se lit vite, très vite, si vite qu’on la parcourt un peu comme un conte tout à fait dérisoire, grinçant, excessif, l’humour anglais en prime. Pas le temps de s’apitoyer sur les situations. Il s’agit presque d’un survol un peu fouillé de toute une vie, plein de vies, celles qui tournent autour de cette fratrie démoniaque sous ses aspects si gentillets. J’ai sans cesse oscillé entre la colère, l’apitoiement, l’incrédulité, la jubilation devant tant de haine, de rivalité et de vengeance car les sentiments qui dominent dans cette charmante famille, c’est la haine, celle qui suit la jalousie des charmantes sœurs: un vrai nid de vipères devenues de vieilles demoiselles anglaises qui tuent avec le sourire et la compassion des voisins, genre « Arsenic et vieilles dentelles ». C'est drôle et grinçant et merci à Theoma pour l'avoir fait voyager. Si j'en crois les signatures, je suis la huitième à avoir eu ce livre entre les mains et peut-être pas encore la dernière. Joli trajet! Autres billets: Theoma, Keisha, clarabel, Cathulu, clara, Brize, Alex, Anna, Canel, Choco, Manu, Restling, Kathel, Anjelica, Meurtres entre soeurs de Willa Marsh ( Littératures Autrement, 2009, 206p) Traduit de l'anglais par Danielle Wargny