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L’engueulade matinale

Publié le 11 juin 2011 par Corboland78

C’est l’engueulade de bon matin jeudi qui m’a réveillé. Il devait être 6h30 à tout casser quand j’ai été tiré du sommeil par les cris proches, on ne peut plus proches puisqu’ils étaient à cinquante centimètres de mes oreilles à vol d’oiseau, je ne peux pas mieux vous dire. Oiseau, voilà le mot que je cherchais.

Je ne vous en avais pas encore parlé, nous avions tout notre temps, mais un couple de moineaux a construit son nid à la tête de mon lit, ou pour être plus précis, entre la vitre et le volet fermé de cette fenêtre condamnée sous laquelle mon lit repose. Un qui se repose moins, c’est moi, car si j’avais oublié la dictature du réveille-matin pour partir au boulot, me voici depuis plusieurs semaines condamné à subir les piaillements matinaux des moineaux.

Exposée à l’est ma pièce bénéficie du soleil dès les premiers rayons émergeant de l’horizon, emplacement remarquable et remarqué par nos deux passereaux pas si sots qui de plus ont constaté que cette fenêtre n’étant plus utilisée – pourquoi ? parce que j’ai deux fenêtres dans ma chambre et qu’une seule me suffit ! Et toc ! – offrait un merveilleux attrait stratégique pour l’implantation d’un nid en vue d’une vie de famille qu’on imagine heureuse et féconde.

Il faut aussi savoir que le moineau n’est pas trop difficile dans le choix du lieu qui accueillera son home sweet home et que sa construction se déroule ainsi : mâle et femelle construisent une motte de brins d’herbe sèche et de paille, tapissée intérieurement de plumes de duvet, grosse boule volumineuse et peu soignée avec un petit trou circulaire sur un côté. Quand le nid est terminé, les moineaux peuvent alors se livrer à leur activité envisagée et faire deux ou trois couvées dans l’année, entre avril et juillet. Chaque fournée donnera quatre à six œufs, couvés alternativement par les deux parents durant douze à quatorze jours, les jeunes ne s’envolant du nid qu’après deux semaines.

Nous en sommes donc là aujourd’hui. Les oisillons sont devenus grands et emplumés comme papa et maman et ce matin, l’esclandre qui m’a réveillé tenait certainement au besoin d’indépendance de cette marmaille. J’ai cru percevoir qu’il y avait trois ou quatre jeunots, sortis du nid ils se pavanaient en criant leur faim, sautillant de-ci, de-là, sur le rebord de la fenêtre derrière le volet, ce qui n’a pas du tout satisfait les parents à leur retour des commissions. L’imprudence des enfants rend chèvre n’importe quel parent, là encore la preuve en est donnée. Ils se sont pris une volée de bois vert, cris, piaillements, tout le registre y est passé avant que les garnements ne retournent au fond de la boule d’herbe certainement exiguë mais gage de leur sécurité. 

Je comprends les petits, ce beau soleil matinal qui réchauffait leurs plumes toutes neuves, ça a du leur donner des idées d’envol, mais d’un autre côté les parents ne peuvent être blâmés, si on laisse les gamins jouer les filles de l’air quand on a le dos tourné c’est la porte ouverte à toutes les imprudences. Ceci dit, ce n’est pas non plus une raison pour emmerder les voisins.

Alors maintenant, moi je ne sais pas quoi faire. Ces petits vont prendre leur envol dans à peine quelques jours, voire quelques heures, dois-je alors bazarder le nid devenu inoccupé ou attendre la troisième couvée avant de faire le ménage ? Si je n’entreprends rien aujourd’hui, l’année prochaine dans un réflexe atavique, tout ce petit monde va revenir chez moi pour tenter d’y construire un nid et le premier installé va relancer le cycle. Et si je nettoie tout dès maintenant, les parents vont devoir se trouver un nouveau logement dare-dare avant que ça ne les démange. Quand on sait les loyers en région parisienne …   


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