Un jour, je discutais avec un ami qui a commencé à écouter le cours de David Komsi, qu'il aime beaucoup. Dans la discussion, il m'a dit qu'il
était sceptique quant à ma «nouvelle» façon de penser dans laquelle je semblais m'enligner qui ressemble, d'après lui, à de la pensée magique : toujours être positif, croire que tout va bien
aller, clamer que rien n'est grave, que tout va bien, etc.
Je lui ai alors parlé de ma vision de la différence entre la pensée magique et la pensée positive :
La pensée magique
En bref : les personnes qui croient à la pensée magique sont coupés de leurs émotions en se raccrochent à ce genre d'enseignements par besoin d'avoir un but dans leur vie, le contrôle sur elle, et pensant trouver, ainsi, l'apaisement de leurs angoisses face à la maladie et la mort, dans cet exemple, et que celle-ci irait mieux en croyant très fort que tout va bien aller.
La pensée magique sert à maintenir l'illusion qu'un contrôle absolu de la réalité est possible afin d'apaiser ses angoisses*.
Ce genre de croyance est de la pensée magique car elle n'est pas sentie, intériorisée, intégrée. On voit souvent ce genre d'attitudes avec des
personnes qui «embarquent» dans des mouvements philosophiques, sectaires ou religieux et qui en sont tout «illuminés»... et déconnectés d'eux-mêmes. On les voit en parler avec des étincelles dans
les yeux et on peut trouver ça magnifique, admirable... attirant même. La plupart du temps, cependant, ces personnes ont besoin, pour se confirmer qu'elles ont raison, d'en parler souvent à qui
veut les entendre. On enseigne toujours ce qu'on a à apprendre.
Le problème de la pensée magique est que, souvent, les résultats escomptés n'arrivent pas. On se retrouve alors devant un constat d'échec et on aura tendance à mettre la faute sur
Dieu, l'autre, etc...
Le retour à la «réalité» est parfois douloureux. Cependant, le temps que ça dure, la pensée magique permet à une personne de «survivre» face à
une situation qui est difficile pour elle. C'est le côté positif de la pensée magique.
L'autre côté positif d'avoir eu un épisode de pensée magique dans sa vie, c'est que, lorsqu'on «revient sur terre», soit à Soi, l'action d'avoir pensé positivement - ayant quand même eu quelques
résultats positifs - est maintenant ancrée en soi. On va continuer à travailler positivement mais d'une autre façon, plus sentie.
Par ailleurs, si l'échec a été trop cuisant (ex. : le conjoint est mort
malgré toutes ses pensées positives), il se peut que la personne refuse catégoriquement de continuer à croire au fait que penser positivement (et non magiquement) amènera du positif dans sa vie.
Il revient alors à son état de victime... On pourrait élaborer longuement sur ce sujet mais je résume ici.
La pensée magique est le fait de surestimer les conséquences de ses actes ou mêmes ses pensées sur son environnement dépassant les relations de causes à effets normales. (...) La psychologie suggère que la pensée magique constitue une tentative d'échapper à l'angoisse de l'inconnu ("mieux vaut être dans l'erreur que dans l'incertitude") et au conflit intérieur. Wikipedia
La pensée positive
On ne croit pas avec sa tête mais avec son coeur. Là est toute la différence d'avec la pensée magique qui, elle, s'inscrit dans le mental mais n'est pas intégrée, déposée, intérieurement.
Pour que la pensée positive «marche», il est nécessaire qu'elle soit ressentie et qu'elle émerge du coeur. Ce n'est pas une pensée à laquelle on nous a «obligé» de croire, qui semble miraculeuse. C'est une façon de penser générale et quotidienne où on décide - avec son coeur, son senti, son intuition - de voir, par exemple, que les choses négatives qu'on a l'impression de vivre peuvent avoir un côté positif. C'est décider d'attirer le positif en mettant du positif dans notre vie à travers nos gestes et nos paroles. Cela va de toutes petites phrases anodines à de grandes actions. Par exemple, au lieu de dire que le repas est «écoeurant», on dit qu'il est excellent; au lieu de dire «Je ne veux plus être seul», on pense «je veux être avec le meilleur conjoint qui soit pour moi», etc.
Pour cela, nul besoin d'en parler à qui veut nous entendre mais simplement se permettre de sentir qu'on veut vraiment réaliser le rêve, le désir qui nous habite. On «habite» et on est «habité» par la pensée de la réalisation de ce rêve.
Le rêve est alors inscrit en nous. On le sent. On décide d'y croire... et il finit par se réaliser.
Un exemple : quand j'étais petite, j'avais un beau-père tyrannique et violent. Pourtant, il avait un bon fond mais, pour l'enfant que j'étais, ce n'était pas évident à déceler. Son attitude faisait que j'appréhendais sa présence en tout temps. J'en avais peur au point d'avoir des maux de ventre continuels. Mon attitude d'enfant apeurée qui ne pensait, à son sujet, que négativement, - et agissait donc aussi négativement, ne sachant pas comment être autrement - attirait des attitudes négatives de sa part envers moi.
Un jour, complètement découragée et ne sachant plus que faire, j'ai pleuré et dit à ma grand-mère que j'étais sûre qu'il me détestait. J'avais beau être la plus gentille, la plus raisonnable, la meilleure à l'école, j'avais l'impression que rien ne marchait pour qu'il soit gentil avec moi.
Ma grand-mère m'a alors répondu que, non, il m'aimait mais ne savait juste pas comment me le montrer. Elle m'a alors suggéré de voir la situation autrement et, donc, d'agir autrement.
Cela m'a pris tout mon courage et mon énergie mais j'ai essayé. Je devais avoir 6 ou 7 ans. J'ai alors osé, consciemment, de toutes mes forces et de tout mon coeur, dire une chose gentille à mon beau-père malgré mes peurs et mes maux de ventre.
Le résultat a été phénoménal... et très positif ! Je suis restée sidérée par l'énergie qui, alors, a changé subitement du tout au tout entre lui et moi. De noire, elle est devenue subitement blanche de lumière, de paix et de tendresse. Ma peur s'est momentanément évanouie et mes maux de ventre ont disparu comme par miracle.
Par la suite, je suis restée avec ma peur, alors déjà profondément ancrée en moi, mais je savais, dès lors, comment faire pour attirer du positif de sa part. Cet exercice a été une vraie révélation pour moi. Elle m'a aussi confirmée que, dans le fond, tout le monde est fondamentalement bon...
La pensée positive est un mode de vie quotidien qui s'inscrit tout simplement dans nos gestes et nos paroles. On n'a pas forcément de la lumière dans les yeux quand on parle de façon positive mais on est sincère et honnête avec soi-même avant tout. On est dans sa présence.
La personne qui décide d'employer la pensée positive avec son coeur et son senti, consciemment, ne regarde pas au ciel en souriant tout en nous
parlant de ses croyances ou n'essaie pas de nous transpercer de son regard pour nous faire croire à quelque chose. Elle est simplement présente à elle-même et à nous. Son regard est sincère et
une petite étincelle d'amour l'illumine...
Comment être positif dans des situations qui semblent irrémédialement négatives ?
On a parfois l'impression que la situation qu'on vit ne peut être autrement que difficile et souffrante. Pourtant, on peut la voir d'au moins une autre façon. En effet, toute situation négative qu'on vit est là pour nous permettre de voir quelque chose de positif, d'apprendre du nouveau sur soi - si on se permet de se regarder sincèrement -, de voir la vie différemment et, souvent, d'une façon qui nous était inconnue. Cela prend quelques bonnes respirations et du courage pour arriver à prendre un peu de recul face à la situation et faire ensuite une introspection en soi pour trouver pourquoi cette situation nous fait souffrir.
Ceci dit, un petit outil tout simple peut aider à penser d'une manière plus positive dans une telle situation. Vous en avez l'explication ici et un
complément ici.
En conclusion :
La pensée magique amène la personne a être déconnectée d'elle-même. Elle vit suivant un schéma mental, des croyances mentales qui ne sont pas ressenties intérieurement,
profondément. On le remarque parce qu'elle parle beaucoup de sa façon de penser, essayant de faire en sorte que tout le monde pense et agisse comme elle. Tout semble toujours beau et parfait pour
elle. Elle tente d'inculquer ses croyances pour se rassurer elle-même qu'elles sont bonnes. Elle a des attentes de reconnaissance, de valorisation et de confirmation de sa façon d'être et de
penser. Elle se fait des «accroires»**.
La pensée positive amène la personne à être présente à elle-même. Elle vit ce qu'elle ressent profondément. Elle est consciente d'agir positivement le plus souvent possible et
avec son coeur. Elle n'a pas besoin de faire en sorte que tout le monde pense et agisse comme elle. Elle vit, simplement, positivement, et partage sa façon de vivre de façon humble et sans
attentes. Elle se ne fait pas d'«accroires»**.
Dominique Jeanneret
Thérapeute
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* Obsession et pensée magique : Qui n'a jamais cru à la volonté de
l'esprit, ou en quelque action symbolique pour infléchir le cours des choses ? Dans leur monde imaginaire, les enfants se donnent l'illusion d'un pouvoir magique. Ce mode de pensée marque,
selon Sigmund Freud, une étape indispensable à notre développement : le moyen d'accepter les dures lois de l'existence, à commencer par la conscience de notre impuissance, et l'interdit de
certains désirs. Qu'advient-il ensuite de ces pensées superstitieuses ? Les psychologues parlent d'un déclin normal, jusqu'à l'âge de 12 ans, pour une perception plus rationnelle de la
réalité. Tout porte à croire, pourtant, que ces pensées superstitieuses existent aussi chez l'adulte. En particulier les personnes fortement angoissées, atteintes d'un trouble psychologique
appelé l'obsession. Intrigué par cette contradiction, le psychiatre londonien Derek Bolton a analysé ce système de « pensées imaginaires » au-delà de la petite enfance, jusqu'à la fin
de l'adolescence. Le chercheur et son équipe se sont mis d'accord sur une définition de ces pensées imaginaires : l'explication de phénomènes réels par des causes irrationnelles. Ils ont
mesuré l'évolution et l'importance de ces croyances jusqu'à l'adolescence, en contrôlant parallèlement divers symptômes de l'obsession. L'étude révèle le maintien des pensées superstitieuses, à
un niveau stable, jusqu'à la fin de l'adolescence. L'idée d'un processus cognitif, qui céderait à l'avènement de la raison vers 12 ans, est donc remise en cause. L'expérience montre aussi que ce
mode de pensée, lorsqu'il est fortement exprimé, coïncide avec les symptômes de l'obsession. L'un des principaux mécanismes de ce trouble psychologique serait ainsi confirmé : maintenir
l'illusion qu'un contrôle absolu de la réalité est possible, pour apaiser ses angoisses. Source
** accroire