Lire a un prix

Publié le 10 février 2008 par Christian Tortel

Ça ne s'invente pas : " Pour lutter contre l'échec scolaire ", les enfants de la petite bourgade de Noblejas (Tolède, Espagne) seront payés pour lire. Ainsi l'a annoncé Agustín Jiménez, le maire PSOE (socialiste) depuis 1983,qui a décidé de " subventionner les familles à hauteur d'un euro par heure passée à la bibliothèque ". La mesure concerne 250 élèves de Primaire (6 à 10 ans). Elle devrait coûter entre 100 000 et 150 000 euros par an, auxquels devraient s'ajouter la même somme pour payer la campagne d'explication des éducateurs auprès des parents. [voir la vidéo et les réactions plutôt négatives des parents sur le site d'ADN.TV].

Noblejas, connue pour les toits de sa vieille ville, est située à 58 km de Tolède, province de Castille-La Mancha. Autant dire que Don Quichotte n'est pas loin. Un roman que commence ainsi Cervantès, dans son " Prologue au lecteur " :

" Lecteur oisif, tu me pourras bien croire sans serment, j'aurais voulu que ce livre, comme fils de l'entendement, eût été le plus beau, le plus gaillard et le plus ingénieux que l'on eût pu imaginer. Mais je n'ai pu contrevenir à l'ordre de nature, selon lequel chaque chose engendre sa pareille. Et par ainsi que pourrait produire mon esprit stérile et mal cultivé sinon l'histoire d'un enfant sec, endurci, fantasque, rempli de diverses pensées, jamais imaginées de personne, comme celui qui s'est engendré en une prison, là où toute incommodité a son siège et tout triste bruit sa demeure ? "

Jiménez le maire est bien le digne héritier du génial Cervantès.

À propos de Papalagui

Vous en une ligneChristian Tortel, journaliste, amateur de littérature ultrapériphérique.BiographiePapalagui désigne en langue polynésienne des îles Samoa, "l'Autre", "l'Etranger". En samoan, il est orthographié "papalagi". "A ce point, un Papalagi petit et râblé portant une chemise de laine grise et une veste noire se glissa parmi eux sans aucun bruit. Il attendit poliment de pouvoir attirer l'attention d'Arona et fit remarquer : "Il est l'heure". (Albert Wendt, Le baiser de la mangue, Au vent des îles, Papeete, 2006, p. 716, trad. Jean-Pierre Durix). La peinture présentée en tête est signée Frankétienne.

Cette entrée a été publiée dans Livres. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. |