John Maus est un drôle d'énergumène. Son nouvel album, le troisième, est assez inclassable, improbable mélange du kitsch de la variété italienne des années 80 et du romantisme noir de Joy Division. Il faut dire qu'il est l'ami d'un certain Ariel Pink, autre adepte de bricolages atypiques, n'ayant pas peur du ridicule. Le titre du disque - "We Must Become The Pitiless Censors of Ourselves" - et la pochette sur laquelle on voit un phare éclairer une mer déchaînée, sont des signes que la musique est pourtant chez Maus une affaire profondément sérieuse. Ne pas se fier aux apparences donc, ce qui se révèle au fil des écoutes, le chanteur possède un certain degré d'exigence. Comme si, après Brian Eno, David Bowie - la voix est très ressemblante sur "Head For The Country" - avait décidé de collaborer avec Giorgio Moroder à l'aube des eighties.Si je n'adhère pas à tout, il y a quand même dans cette nouvelle mouture, quelques titres qui sortent du lot, le ténébreux "Quantum Leap" notamment et surtout le morceau de bravoure final "Believer" et ses savantes nappes de synthé. Rares sont les chanteurs actuels capables d'imposer ainsi un style et un univers aussi marqués et marquants.
Clip de "Believer" :