Un film de Joann Sfar et Antoine Delesvaux avec les voix de François Morel, Maurice Bénichou et Hafsia Herzi
Film d’animation – France – 1h40 – Sorti le 1er juin 2011
Synopsis : Alger, années 1920. Le rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui dévore le perroquet et se met à parler.
Les bouquins étaient extraordinaires d’intelligence et d’espièglerie, le film bénéficie donc forcément de ces atouts. Le conte philosophique est drôle, enlevé, l’esprit juif le plus universaliste et séduisant souffle sur les aventures de ce félin malicieux. Toute la culture juive est là, le besoin de sans cesse commenter, de sans cesse réfléchir, de sans cesse remettre en question, la musique klezmer se mélange aux tonalités séfarades d’Enrico Macias, certes il y a l’intolérance propre à la religion, mais il y a surtout la liberté, le dialogue des cultures, la compréhension de l’autre et le refus de tout préjugé et de toute discrimination.
Joann Sfar célèbre le meilleur de la religion en général et du judaïsme en particulier. Les juifs et les noirs sont le symbole des oppressés. Jérusalem, la ville-miracle, devra être la ville des juifs noirs, des falachas, c’est-à-dire de tous ceux qui ont souffert, de tous les hommes libres. Si cette Jerusalem-là est malheureusement une chimère, Le Chat du rabbin disserte beaucoup, montre qu’aucun homme (et aucun chat) n’est dépourvu d’intolérance mais qu’entre les obscurantismes de toutes les religions, il y a la place pour un monde meilleur où chaque culture se nourrit des autres.
Etait-il vraiment utile d’adapter la bande dessinée au cinéma? C’est sur ce point-ci qu’on a quelques doutes. Pour les besoins du grand écran, le dessin de Joann Sfar s’assagit. La multiplication des intrigues prises dans les cinq volumes donne un film touffu qui manque un peu d’unité. Les intrigues n’ont pas le temps nécessaire pour être bien développées, chacune semble vite expédiée pour laisser la place à la suivante et le film prend bientôt l’aspect d’un catalogue.
L’esprit de contradiction, de fête et de dérision du judaïsme est bien là et le film est plaisant. Mais en voulant tout dire, il a tendance à s’éparpiller. On peut alors espérer qu’il donnera envie aux spectateurs de lire la BD.
Note : 6/10