Il était à prévoir que l'idole BIO ne passerait pas au travers de la désacralisation ambiante : il n'y a que les béats pour s'en émouvoir et s'étonner. On déboulonne les idoles sauf le veau d'or, lequel en dépit des critiques tous les jours plus vives, reste bien solide sur son socle.
Le "bio" est devenu devenu le pactole du moment et de vastes manœuvres culturelles, commerciales et promotionnelles, sont depuis une bonne quinzaine d'années à l’œuvre. Pour autant ne confortons pas les cultures intensives bourrées de pesticides et autres produits non identifiés, ni l'empire Monsanto, mais il est clair que le bio peut aussi se révéler une belle entreprise attrape nigauds. Outre les prix qui rendent souvent le caddie bien plus cher et sans aucun doute plus léger, l'avantage sanitaire escompté peut se révéler un véritable leurre.
La fameuse bactérie tueuse vient d'écorner sa réputation et porte un mauvais coup à ce marketing à la mode. Elle le fait de surcroit dans un pays tout particulièrement sensible à cette propagande, se considérant souvent en la matière comme donneur de leçons et exemplaire : l'Allemagne.C'est en effet dans une ferme bio du Land de Basse-Saxe que le "tueur", la bactérie Escherichia coli (E. coli) a été isolé. La certitude germanique quant à la qualité supérieure des produits bio sort ébranlée de ce nouveau scandale alimentaire. Pourtant qu'elles sont jolies ces fameuses petites graines très modes qui viennent de plus en plus décorer les assiettes et que beaucoup absorbent avec la religiosité du patient avalant son médicament.
Il faut toujours se méfier des modes et des décors. Le seul élément qui compte vraiment dans une assiette, celui qui devrait faire l'objet de notre seule attention est au centre. J'ai toujours eu en sainte horreur ces bordures colorées surajoutées, saupoudrées au grès du moment et souvent sans rapport gustatif avec le plat commandé. Laissons-les pour ce qu'elles sont : des "bordures" décoratives. Personnellement je n'y touche jamais.
Pour terminer avec le bio, sans vouloir le condamner avant d'entendre sa défense, il convient de mentionner quelques souvenirs. Avant l'arrivée du mythe, nos grands-mères et grands-pères n'utilisaient pas les pesticides à outrance, ni les produits phytosanitaires les plus sophistiqués. L'enrichissement du jardin potager s'effectuait le plus souvent au cul de la vache, du cheval ou de l'âne. Les conserves maisons, si prisées actuellement, pouvaient réserver la terrible surprise d'un botulisme souvent mortel. Personne ici ne pourra prétendre qu'il ne s'agissait pas de "bio" ... et pourtant!
Le bio, le vrai, le contrôlé, est incompatible avec un approvisionnement de masse, l'estampille est galvaudée, souvent abusive ou franchement mensongère. Cet étiquetage attractif, on vient de le voir, peut se révéler également dangereux au même titre que l'industriel. Il est vrai qu'il faut aussi savoir vivre dangereusement et que ce qui compte finalement c'est la foi.
En matière de foi, nous sommes ici souvent de mauvaise ... Par simple tentation irrésistible de casser l'idolâtrie.