Homard et brouillard

Par Boljo

Homard vivant

Nous vivons donc un grand moment dans la vie de l’île puisque nous battons des records de non ensoleillement. Comme il faut bien continuer à vivre normalement malgré la brume, les plus courageux continuent à jeter leurs casiers à homards et à aller les chercher avec parfois de bonnes surprises (plus souvent au singulier, mais bon !).

Ce qui n’empêche pas le chien de faire la sieste sur la pelouse. Si, il y a de la pelouse à SPM, la preuve, une espèce très résistante qui repousse en deux temps trois mouvements dès la fonte des neiges et que le brouillard arrangerait plutôt (l’humidité, si vous voyez ce que je veux dire).

Les casiers avant mise à l’eau, le chien les surveille, au cas où ! Pour ce qui est des bêtes à pinces il a déjà donné à Mayotte avec les crabes, il sait s’en tenir éloigné, la curiosité est un vilain défaut, sa truffe s’en souvient.

Cela te dirait de venir « relever les casiers ? ». Cette question ne s’adresse pas aux chiens mais à moi, tu pense si ça me dirait, s’il y a du bon manger à la clef, une ballade en bateau en prime et une aventure de plus.

Et quelle aventure ! Prendre la mer (même pas longtemps et pas loin) par 8°, dans le brouillard avec une houle bien formée dès la sortie du port ! C’est plus de la relève de casiers, c’est de la haute voltige. J’avais bien emmené l’appareil mais entre tenir les gosses, pas prendre la gaffe dans les dents, s’accrocher au ciré du marin pêcheur pour pas qu’il passe par dessus bord, s’arrimer au bastingage pour pas y passer soi même, il ne me restait que quelques dents de libre.

Et encore, pensais-je à les claquer très fort ! Le froid et aussi une ou deux fois, la peur ! Alors pour les photos vous repasserez, l’appareil que j’avais pris soin d’emporter est resté dans la poche et bien contente qu’il fonctionne encore vu les paquets de flotte qu’on s’est mangé dans la tronche.

Cela faisait toujours ça de mangé parce que les homards on en a vu un, mais le releveur prévoyant est équipé d’un gabarit et homard trop petit à la mer tu rejetteras. Oui ça fait mal au coeur mais c’est comme ça, vu le mal qu’on s’était donné, il a fallu se faire violence mais on a du lui dire au-revoir.

Celui-là date du relevage précédent, dommage je n’y étais pas, il faisait beau. Le premier qui émet la possibilité d’un rapport de cause à effet prends un coup de pince dans le museau.

Une belle bête bien vivante qui se débat comme un diable dans l’évier et qui me laisse perplexe un moment après qu’il ait tenté de me sectionner un doigt. Imaginez la lutte acharnée, d’autant que c’est lui qui a les armes (pinces, couteaux et ciseaux).

Mais moi, j’ai le gant en kevlar, ou presque.

Et la marmite d’eau bouillante ! ça calme !

Non, ce n’est pas de gaieté de coeur, mais comme au temps de la grotte, il faut bien manger.

Et là, je perds la moitié de mon lectorat, enfin l’autre moitié, celle qui reste après l’assassinat des crabes des neiges.

Pour une cuisson optimum, plonger le crabe dans l’eau bouillante salée, l’eau de mer dans l’idéal (pour nous c’est facile, y’en a partout, tout autour)
sinon 15 g de sel par litre d’eau. Compter 12 mn après la reprise de l’ébullition.

De face

De dos

En petite tenue

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Celui là, je l’ai mangé toute seule, avec rien, juste lui et moi.

Un pur régal ! Merci.