A las cinco de la manana
Le monde du silence : le dauphin et le vieux squale
L'élection de Nicolas Sarkozy contre la volonté de Jacques Chirac, qui avait assuré que "l'avorton de Neuilly" serait son dernier scalp, semblait avoir clos le match plus décennal entre les deux hommes, débuté en 1994. On s'était dit : Chirac a échoué, Sarkozy a gagné.
Le silence dans lequel s'était enveloppé l'ancien Président m'avait semblé relever d'un besoin de prise de hauteur. Un Roi de France ne commente pas les actions d'un Duc d'Orléans. Il me semblait que Chirac répondait à Sarkozy par le mépris, à défaut d'avoir pu le garrotter.
La sortie du second tome des mémoires de Chirac la semaine dernière dévoile peut-être une toute autre stratégie. En effet, sortant brusquement de sa réserve, Chirac égratigne le président actuel, élevant leur divergence au plan des principes et de la virtu républicaine. "L'essentiel nous sépare".
A coté de cela, Chirac complimente DSK - un homme posthume – et fait l'éloge de François Hollande, "un homme d'Etat". La manoeuvre a paru suffisamment grossière pour que sa propre "fille de coeur" le poignarde dans France Soir.
Tu quoque mi sarkozy
Du coup, je serais tenté de revisiter mon analyse. Parmi toutes les bottes du mousquetaire Chirac, il y a ce qu'on appelle "la botte Giscard", qui consiste à laisser attaquer l'adversaire, le mettre en confiance, et lui trancher les jarrets ensuite pour mieux le ridiculiser. Par un mimétisme étonnant, Chirac veut faire comme Mitterrand et choisir son successeur, adouber quelqu'un qui n'est pas de son camp.
Cet homme, c'est Hollande, que du coup ses supporters présentent comme le fils de Chirac et de Mitterrand. Que Bernadette n'hésite pas à couvrir d'éloges. La vraie vengeance de Chirac, ce serait d'mpêcher son successeur d'être réélu, et qu'au firmament de la Vème République ne brillent que trois longs règnes : Charles le Fondateur, François le Rusé et Jacques le Bon.
Giscardiser Sarkozy (c'est à dire ringardiser) pour mieux Mitterrandiser Chirac.