La question des taxes.
Jaurès disait à propos des taxes, que celles ci, directement ou
indirectement étaient payées par le travail et les travailleurs en supportaient seuls le poids. A la suite du compromis entre les organisations ouvrières et la bourgeoisie, issu de la
libération plus particulièrement, dans une situation marquée par la montée de la social démocratie, le rapport des forces semble être à la faveur du salariat. La social démocratie « distributive
» taxe le capital. Le capitalisme est là et le capitalisme taxé c’est toujours le capitalisme. Il s’ensuit bien évidemment une « crise du profit » dans une économie encadrée par un puissant
secteur nationalisé et un secteur socialisé. Il faut noter que toutes les taxes et toutes les cotisations sont répercutées sur les prix et en aucun cas celles ci ne diminuent la part des
bénéfices. On peut parfaitement le constater depuis que les taxes existent. Or depuis « l’ouverture des marchés », la mondialisation économique est une situation de désordre organisé au
bénéfice des plus forts et des plus puissants.
La TVA
par exemple est payée plusieurs fois jusqu’au produit fini. Dès l’extraction de la matière première et chaque étape de sa transformation pour arriver chez le marchand, qui à son tour l’applique
et c’est le consommateur qui paye la totalité des ponctions. Les petits hurlent à chaque échéance, lorsqu’ils doivent la reverser à l’Etat, comme si elle le leur revenait ou comme si elle sortait
de leur poche, alors qu’ils n’en sont que les collecteurs. Les gros ont compris le profit qu’ils peuvent tirer d’un placement jusqu’au reversement à terme des sommes collectées au titre de la
TVA. Il en est de même pour toutes les taxes, sauf que le patronat voudrait bien qu’un tel capital parte directement dans ses coffres plutôt que de le reverser. Dans la restauration la baisse de
la TVA n’a pas entraîné de baisse des prix significative , ni même une augmentation des investissements et des salaires à proportion de la baisse. Pour l’essentiel tout est rentré dans la
marge.
Les
cotisations sociales deviennent dans le langage patronal, des « charges » qui pèseraient sur l’entreprise, alors qu’il s’agit du salaire différé, propriété du salarié. Ces cotisations sont
proportionnelles au salaire et sont liées au salarié ou plutôt au salariat. Elles sont une composante du prix de revient et rentrent dans les coûts de production. Dans le cadre de la concurrence
sauvage que se livrent les entreprises et la bourgeoisie, ses cotisations « pénalisent » certaines entreprises au profit de celles installées dans des pays « moins disants du point de vue
social » qui elles peuvent produire à moindre coût. Le patronat de nos pays développés demandent donc la baisse voire la suppression des cotisations mais chaque fois qu’il y a baisse ou
exonérations, il n’y a pas de hausse des salaires, pas plus que de baisse des prix ni d’investissements extraordinaires. Tous les ajustements se font sur les salaires.
La recherche du profit maximum est une constante. Rechercher , n’est pas forcément obtenir dans un cadre concurrentiel aux moyens inégaux et selon les secteurs mais c’est vouloir toujours plus.
Que viennent des taxes et bien elles sont répercutées autant que possible et l’ajustement vient toujours des salaires. Tout est bon afin de préserver les profits et de les développer y compris
des politiques financières auxquelles se livre le grand patronat et la bourgeoisie. Ils ne paient rien mais font comme si car en fin de compte c’est le salarié qui paie et par la compression des
salaires et par les prix à la consommation . La preuve, alors que les bénéfices des grands groupes atteignent des sommets jamais atteints de toute leur histoire et de toute l’histoire du
capitalisme, les salaires connaissent eux une baisse relative. En fait les taxes n’inversent nullement le rapport capital travail, d’autant plus que l’Etat providence, n’est providentiel que pour
la bourgeoisie. Les salariés assurent par leurs cotisations la solidarité, entre les générations pour la retraite, la même solidarité face à la maladie et au chômage et par le versement de leur
salaire différé, c’est le secteur socialisé.
Taxer les revenus financiers, c’est très facile en ce qui concerne les petits épargnants, les « gagne petit » de quelques centaines, milliers, dizaines de milliers d’euros. C’est autre chose que
de pouvoir dans l’opacité des banques privées et des paradis fiscaux. Taxer les fonds spéculatifs, par définition c’est assez difficile par nature, puisqu’ils sont spéculatifs et c’est en fin
admettre le bien fondé de la spéculation, comme une activité naturelle. Cela suppose que les Etats aient le contrôle bancaire ou du moins le droit de connaître toutes les transactions financières
en temps réel.
Si on ne sait pas encore qui sera soumis à la taxe sur les revenus du capital, on sait déjà qui y sera soumis, les plans d’épargne, les assurances vies de Monsieur ou Madame tout le monde, les
petites économies de toute une vie de travail. En somme les salariés qui ont un petit pécule, qui n’ont pas de compte aux Iles Caïmans, ni au Luxembourg, ni en Suisse, ni dans aucun autre paradis
fiscal. Bref , les salariés un peu mieux lotis ne pourront y échapper alors que la grande bourgeoisie se contentera de faire l’aumône selon son bon vouloir et selon les moyens dont elle dispose
afin de s’y soustraire.
Le plus intéressant dans
la question de la taxation des revenus du capital et des transactions financières, c’est comment ?
Il faut aller beaucoup plus loin que la
déclaration d’intention, qui au demeurant ne crée pas un effet de panique chez la grande bourgeoisie, C’est le comment, qui peut les inquiéter. Aménager le système en leur demandant de
participer au versement de l’écot, ne les trouble pas le moins du monde. Mais comment et qui paiera, ça, c’est déjà un sujet qui fâche.