Drame
Film thaïlandais
Note globale: 14/20
Réalisateur: Apichatpong Weerasethakul
Acteurs principaux: Thanapat Saisaymar, Jenjira Pongpas, Sakda Kaewbuadee
Durée: 1h53
Synopsis (Allociné) : Les apparitions magiques de sa femme défunte et de son fils disparu depuis des années confirment à Oncle Boonmee que sa fin est proche. Dans son domaine apicole, entouré des siens, il se souvient alors de ses vies antérieures. Accompagné de sa famille, il traverse la jungle jusqu’à une grotte au sommet d’une colline, lieu de naissance de sa première vie.
De cette première vie, Oncle Boonmee ne se souvient de rien, s’il était animal ou végétal, homme ou femme ; mais il sait à présent qu’il est prêt à aborder la mort avec apaisement.
Film visionné en DVD grâce au jeu-concours "Blogueurs, faites votre cinéma" organisé par Priceminister.
Ce que j'ai pensé du film: Pas besoin de se souvenir de ces vies antérieures pour renouer avec la dimension onirique du cycle de la nature, « Oncle Boonme » s'en charge, avec un pari audacieux. Une expérience mystique récompensée l'année dernière par la Palme d'Or au festival de Cannes.
Sous les traits d'une fable spontanément décousue, ce film explore les jeux de l'esprit, adhère au jeu des énigmes, à travers la caméra du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul.
Vous allez pouvoir conforter vos convictions ; jadis, oui, vous avez peut-être été une anguille (ou un ours, ou un concombre...).
Les incongruités se révèlent surprenantes : singe-fantôme version Chewbacca, plaisir charnel avec un poisson, apparitions de la femme défunte du personnage principal... La poésie est bien écrite, mais se fige beaucoup trop rapidement dans un quotidien fastidieux, qui évolue à un niveau de lecture parfois compliqué.
Très vite, on se rend compte que l'histoire peine à nous embarquer dans la jungle, et que la magie se noie au milieu d'un rythme insignifiant. La symbolique est parfois difficile à saisir, et les péripéties du film ne décollent pas. Il faut donc le reconnaître, le rythme est d'une lenteur extrême, le goût pour la longévité des séquences peut révéler des passages terriblement ennuyeux pour le spectateur.
Pourtant, cette perception du temps nourrit le propos avec une délicatesse bienvenue, affirmant que les échelles du temps et de l'espace peuvent se déformer à volonté, selon des points de vue relatifs entre eux. Cette vision sur ces données inconnues qui nous échappent et qui se réveillent à l'approche de la mort, est simplement parlante et universelle, à l'opposé des images dépaysantes et culturelles de la Thaïlande qui évadent notre imaginaire dans une nature magnifique. Ce mélange est donc percutant, émouvant, et ouvre un discours plein de métaphores, à mieux comprendre au deuxième visionnage.
La recherche de la tranquillité de l'âme et du corps est ici primordiale, dictée par la sérénité de la mise en scène. Le résultat jongle entre un effet d'apaisement et un effet d'inquiétude provenant des mystérieux personnages. « Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures » est un film qui retranscrit une philosophie abstraite dans l'idéologie de son cinéma. A travers une absence d'action, et des longueurs surprenantes, le réalisateur impose son style.