Par extension, c'est aussi n'importe quelle activité plus ou moins sportive ou ludique qui s'est métamorphosée en geste héroïque de mobilisation. « Les visages de Florence et Hussein ornent l'invitation au prochain Tour de Picardie, comme le site Internet de la ville, le journal municipal ou la façade de la médiathèque » (à Château-Thierry). « Dimanche, près mille femmes marcheront et courront pour Florence et Hussein à l'invitation de la ligue Nord-Pas-de-Calais d'athlétisme » (à Lille). « Le millier de participants de la course annuelle organisée par la ville et baptisée « Tous à vélo » roulera avec un brassard violet pour Florence et Hussein » (à Montpellier). Mais il faut noter, là encore, que ces animations et bien d'autres se seraient déroulées de toute façon, même sans l'enlèvement de Florence Aubenas, dont elles n'ont usé que pour redorer leur blason et effacer quelque peu leur propre insignifiance. À ce compte, d'ailleurs, c'est n'importe quelle occupation de n'importe qui, n'importe où, qui aurait pu, durant ces jours, être placée sous ce signe prestigieux. Ainsi aurait-on pu rentrer chez soi en RER « pour Florence et Hussein ». De même aurait-on pu faire du ski, manger une pizza, résoudre une équation du second degré, regarder la télévision, faire des mots fléchés, aller chez le dentiste « pour Florence et Hussein ».
Philippe Muray, "Que soutiennent, au juste, les comités de soutien" in Moderne contre moderne. Exorcismes spirituels, tome IV, éd. Les belles Lettres, 2005.