On dit merci qui ?
La France envisage d’envoyer en renfort des soldats dans le sud de l’Afghanistan, pour soutenir l’effort des troupes de l’Otan basées dans la région.
Olivier Roy, spécialiste du monde musulman (CNRS) et auteur de Le Croissant et le chaos (Hachette), a expliqué à 20minutes.fr les enjeux de cette décision.
Quel est le rôle de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf), force de l’Otan en Afghanistan?
Cette force est chargée de combattre les talibans. Elle est basée dans le sud du pays, autour de Kandahar, et compte près de 15.000 hommes. Les Etats-Unis et l’Europe sont engagés depuis de longs mois dans la région, sans mener les mêmes opérations. Le contingent américain se battait contre les Talibans, alors que les Européens se chargeaient du maintien de la paix.
L’opération menée par l’Isaf est inédite, car il s’agit du seul cas où les forces de l’Alliance atlantique sont déployées hors de la zone européenne pour des opérations combattantes.
Pourquoi les Etats-Unis et le Canada ont mis en garde les Européens la semaine dernière?
Les Américains ont demandé aux pays européens de l’Otan d’intervenir plus en Afghanistan pour pouvoir désengager leurs troupes et les redéployer en Irak. Washington se base sur le large consensus européen quant à l’intervention en Afghanistan.
Les Canadiens doivent quant à eux faire face à une opinion publique de plus en plus réticente. L’Afghanistan est un engagement qui coûte cher. Près de 80 soldats sont déjà morts.
Quels sont les enjeux de la décision française?
Le véritable enjeu est politique. Les Etats-Unis souhaitent poursuivre les combats. Et les Britanniques veulent engager des négociations avec les talibans. Les Européens, dont la France, ne se sont pas encore prononcés sur la question, mais penchent pour la voie des discussions.
La France sera-t-elle une cible privilégiée d’actes terroristes en raison de cet engagement en Afghanistan?
Je ne pense pas car la France est déjà présente dans la région. Il n’y a pas de connexion directe entre l’action des pays européens à l’étranger et les attentats sur le territoire national. Dans les discours des terroristes, peut-être mais pas dans les actes.
Shah Marai AFP/Archives ¦ Soldat français et policier afghan le 17 décembre 2006 à Kaboul
Alexandra Nawawi
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