Au début, Sarah « n’y a pas cru ». Une semaine après avoir appris la nouvelle, cette ancienne salariée témoigne :
« Cela faisait deux ans que je travaillais dans ce magasin, certains y étaient depuis son ouverture il y a quatre ans. On n’aurait jamais pensé que cela puisse se passer comme cela, sans aucune considération pour les clients ni pour nous. »
« Elle nous a même montré les plans du futur magasin »
Le 21 mai, ils partent tous en congé pour quinze jours. Une obligation vu qu’il s’agit du temps nécessaire, d’après ce que
leur a dit la gérante Fabienne S., pour effectuer des travaux qui permettront au magasin d’être rafraîchi. Sarah se souvient :
« On a eu la confirmation qu’on pouvait partir en vacances pendant cette période. Elle nous a montré les plans du nouveau magasin, nous a assuré qu’il y aurait du parquet au sol et nous a même souhaité bonne vacances ! »
A la place d’un magasin flambant neuf, le groupe d’employés va découvrir une réalité nettement moins glamour. Par SMS, ils apprennent le 26 mai la convocation de l’entreprise dès le lendemain au tribunal de commerce :
« Le tribunal a directement prononcé la liquidation du magasin et dans la foulée, son mandataire nous a envoyé une lettre pour licenciement économique. »
Une semaine environ après les faits, la petite équipe très soudée a décidé d’alerter le quotidien La Voix du Nord, premier à sortir l’information. C’est Sarah qui se charge de contacter la rédaction d’Hénin-Beaumont :
« On voulait montrer qu’on a été mis devant le fait accompli et que même si les salariés ont la réputation d’avoir un statut protégé, nous ne sommes pas complètement à l’abri. »
Une gérante injoignable, une mairie scandalisée
Bois et Chiffon ne veut pas s’exprimer sur la question, affirmant ne pas avoir eu connaissance du procédé utilisé par la
gérante. Une source assure que depuis une semaine, Fabienne S. est injoignable.
A la mairie d’Hénin-Beaumont, c’est la stupéfaction qui prime. Joint par Rue89, Maurice Lecat, chef de cabinet du maire Eugène Binaisse (ex-Modem, sans étiquette), avoue que ce dernier est « scandalisé » :
« Nous venons d’apprendre ce qu’il s’est passé. Si cela s’avère, il est évident que nous soutenons les employés et espérons qu’ils saisiront les prud’hommes.
On ne peut pas commencer à licencier les gens par texto, c’est complètement fumeux comme manière de faire. »
Pourtant, l’affaire a des précédents. En novembre 2010, treize salariés d’Electricité réseau de France (ERDF) avaient reçu un SMS leur annonçant une convocation pour l’après-midi même, au cours de laquelle ils avaient appris leur licenciement.
Par Marie Kostrz pour Rue89
Merci à Section du Parti socialiste de l'île de ré