Hier soir, j'ai courageusement dédaigné le film de mon enfance pour me consacrer au visionnage de « Victoire Bonnot ».
La première remarque qui m'est venue à l'esprit en regardant cette fiction portait sur sa durée. Pourquoi les Français s'entêtent-ils à produire des « séries » dont les épisodes durent 1h30 ? Je suis tellement conditionnée par les séries américaines que j'ai un peu flippé à 21h30 alors que le décor et la problématique était posés en me demandant ce qu'il allait bien pouvoir se passer durant encore une heure.
(La réponse est strictement rien.)
Bon, à part ça, Victoire était hier égale à elle-même dans une fiction tellement minable et décalée que les bras m'en sont tombés à plusieurs reprises.
D'abord cette série me pose un problème de taille : pourquoi (POURQUOI ????) faire le pari du non réalisme absolu ? Pourquoi dans ce lycée la CPE est-elle unique en son genre et sous les ordres directs de la proviseur ? Où est le proviseur adjoint ? Pourquoi n'y a-t-il qu'un pion ? Ah oui, et puis si on entre un peu dans les détails, dans ce lycée sans personnel (une charge contre la politique budgétaire gouvernemental ?), on se passe des conseils de discipline pour gagner du temps et les élèves pris ivres dans l'établissement écopent d'une conférence sur les dangers de l'alcool au lieu de quinze jours d'exclusion.
C'est un détail sans doute, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Je ne vois pas l'intérêt de produire une série sur l'éducation nationale, qui la dénigre volontiers, en faisant le pari de ne jamais être dans le réalisme, surtout qu'ensuite le propos de la série est d'aborder les « vrais » problèmes des ados.
Je me suis également demandé pourquoi un petit enfant de 2011 était obligé de jouer à la game boy color, jaune en plus, sur le pas de sa porte, alors qu'il a une wii apparemment.
Je ne suis pas une fan absolue de l'Education nationale, ni du corps professoral, mais je suis vraiment étonnée par la charge sans nuance de M6 sur cette corporation. Les rares profs aperçus hier dans « Victoire Bonnot » ne pensent qu'à s'envoyer en l'air dans le CDI au mépris de toute pudeur. La nouvelle proviseur s'en tamponne que ses élèves picolent dans les couloirs, mais mènent une croisade absurde contre les baisers dans son établissement. Au milieu de toute cette nullité, seule Victoire, Valérie Damidot donc, a à cœur le bonheur de ses ouailles.
Parlons justement de Super CPE, une indic' à la maison a été frappée par son agressivité à l'égard de ses supérieurs hiérarchiques, des profs et même des élèves. Valoche surjoue pour masquer certainement son manque d'expérience. Elle serait moins mauvaise en reprenant ses sketchs de « D&Co ».
J'en viens aux intrigues, finalement secondaires.
La fille de Victoire découvre que sa mère a été alcoolique et se met donc logiquement à picoler, influencée en cela par un méchant terminal, le mal en personne, qui incite ses amis à boire au lycée et qui organise de terribles soirées, véritables orgies d'alcool et de sexe, où trente ados dansent sur de la techno en se roulant des pelles tous sexes confondus. Mais ce n'est pas vraiment la faute du pauvre garçon, car sa mère, qui travaille, la salope, le délaisse. Il voudrait tellement qu'on le punisse, lui, au lieu de toute cette indifférence. Mère qui travaille également mal absolu ! C'est noté, merci.
L'ex pute de l'épisode précédent veut sortir avec un geek parce qu'il est gentil mais le vilain alcoolique lui met des bâtons dans les roues.
Victoire s'oppose à son proviseur pudibond.
Le nouveau pion, qui fait médecine à côté, ce qui est follement réaliste, est SDF, alors du coup Valoche l'accueille chez lui et en plus il est gay. (Mais ce nouveau est joué par Melville de « coeur océan », alors on lui pardonne beaucoup.)
Bref, je suis sûre que ça a cartonné en plus sur la seule foi de la présence de Valérie Damidot au générique (et oui moi aussi j'ai regardé mais si je m'en étais abstenue, je n'aurais rien à raconter. C'est un cercle vicieux). A la place de l'ensemble des protagonistes de ce « truc », je serais morte de honte personnellement.
Voilà la fiction française ne sort à nouveau pas grandie de cette soirée.. M'en fous, j'ai zappé la fin pour un « modern family ».