Le 15 mai 2011, une semaine avant les élections municipales, des dizaines de milliers d’étudiants, de chômeurs, d’actifs et de citoyens de tous âges sont sortis dans les rues des principales villes d’Espagne.
Ils exprimaient leur colère face à la détérioration des conditions de vie – conséquence de la mise en place des mesures d’austérité par le gouvernement – et appelaient à une vraie démocratie, qui ne place pas les intérêts des banquiers et des politiciens avant ceux de la population.
Appelée par des mouvements citoyens via les réseaux sociaux, et soutenuepar de nombreuses organisations (dont Attac Espagne), cette mobilisation a pris une ampleur inattendue. Les partis politiques et les syndicats, déconsidérés par leur incapacité à apporter des réponses face à la crise économique, sociale et environnementale, furent particulièrement exclus de l’organisation de la manifestation.
Au terme de la manifestation, de nombreux jeunes Espagnols (qui paient le plus lourd tribut à la crise, avec un chômage atteignant les 45%) ont décidé de camper sur la place centrale de Madrid de la Puerta del Sol, inspirés par les révolutions des peuples arabes. Cette initiative a d’emblée reçu le soutien d’une large part de la population espagnole, en colère contre la situation actuelle ; et bientôt de nombreuses places furent occupées dans de nombreuses villes du pays (Barcelone, Valence, Saragosse, etc.) par des jeunes et moins jeunes appelant à un changement démocratique et social.
En dépit du risque de se voir violemment évacués par la police, les « indignés » (indignados, en référence avec le livre de Stéphane Hessel) ont commencé à organiser leur campement (qui dure depuis maintenant plus de deux semaines). Cette initiative a inspiré d’autres mouvements en Europe.
Au Portugal, où les politiques économiques du FMI et de l’UE ont été imposées avant les élections du 5 juin, des manifestants se sont rassemblés le 19 mai, en face de l’ambassade espagnole, et ont décidé de s’installer sur la place principale de Lisbonne (Praça do Rossio). En Grèce, un mouvement d’« indignés » a commencé à se réunir tous les jours dans les principales places de nombreuses villes, avec des dizaines de milliers de manifestants. Un campement s’est installé sur la place Syntagma, en face du Parlement grec.
Dans ces différents pays, les manifestants ont développé des exigences similaires, par le biais des assemblées générales. Ce mouvement reprend largement des thèmes altermondialistes, comme l’exigence que la démocratie prévale sur les diktats de la finance, la visée d’une redistribution des richesses, le refus d’un modèle de développement consumériste et prédateur ou la mise en place d’une taxe sur les transactions financières… « Nous ne sommes pas des marchandises dans les mains des banquiers ou politiciens ». Les slogans des manifestants dénoncent la gestion de la crise : « ce n’est pas une crise, c’est une escroquerie ! », et montrent leur détermination. « Nous sommes là pour nous battre pour nos vies et notre futur », explique le manifeste issu de l’assemblée générale de Syntagma du 29 mai. Tous s’accordent pour dire, avec les manifestants du 28 mai au Portugal, que « notre combat est international ».
Ce mouvement, rapidement dénommé « révolution espagnole », évolue vers une véritable mobilisation européenne qui remet en question les formes traditionnelles de mobilisation. De par son étendue et ses revendications, il peut d’ores et déjà être considéré comme un évènement social de première importance, et pas seulement du point de vue du mouvement altermondialiste. À ce titre,le réseau des Attac d’Europe exprime son soutien aux manifestants en Espagne, en Grèce, au Portugal et dans toute l’Europe, et condamne toute répression policière à leur égard, comme lors de l’évacuation de la Place Catalogne à Barcelone.
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Attac France (Un autre monde est possible !) :