Le sport comme moyen de (ré)conciliation et de pacification dans les Balkans ? C'est notamment le projet de l'ONG Sport sans frontière (dont le logo est éloquent : "Aidons les enfants à se reconstruire par le sport") au Kosovo, et notamment à Mitrovica et à Gracanica (mais aussi en Afghanistan, au Burundi et en Haïti). Le sport est aussi pensé comme un moyen d'oeuvrer pour la réconciliation par les actions civilo-militaires, mais aussi comme un moyen d'obtenir des informations sur la prégnance des tensions pour le renseignement d'ambiance, par les militaires de la KFOR (voir Stéphane Jardin et Bénédicte Tratnjek, 2007, "Violences, sport et processus de réconciliation au Kosovo : analyse des actions humanitaires dans la ville de Mitrovica", Actes du colloque Sports, violences et racisme en Europe, sur CD-Rom). Ce sera aussi l'un des points abordés dans le reportage "Destination Yougosphère", diffusé demain samedi 11 juin à 19h30 sur Arte, qui reprend la célèbre formule proposée par le journaliste Tim Judah, spécialiste des Balkans (notamment auteur de The Serbs: History, Myth and the Destruction of Yugoslavia et de Kosovo: War and Revenge) : "La Yougoslavie est morte, vive la Yougosphère". Arte a d'ores et déjà mis à disposition cet extrait du reportage :
Présentation du reportage sur le site d'Arte :
"Le Serbe boit du lait slovène au petit déjeuner et s’offre des vacances d’été à la mer en Croatie.
Le Croate fait du tourisme en Serbie et en Bosnie. Une émission de téléréalité avec des candidats issus de tous les pays avoisinants se tourne à Belgrade. A Sarajevo, en Bosnie, on parle une langue commune à toutes les Républiques. Au Monténégro, on joue au basket dans une Ligue de l’Adriatique, la nouvelle version du championnat yougoslave.
En Macédoine, on se recueille sur la tombe du jeune chanteur Toche Proeski, une idole pour tous les pays de la région. Au Kosovo, on croit toujours aux vertus du business...
Qu’on le veuille ou non, on vit comme on vivait en Yougoslavie. Sauf qu’aujourd’hui, on parle d’intérêt, et d’intérêts économiques d’abord.
L’été 2010, la Croatie, la Slovénie et la Serbie ont décidé de former une compagnie ferroviaire conjointe pour relier l’Europe à la Turquie en deux fois moins de temps qu’aujourd’hui. La signature a eu lieu à Belgrade.
Le siège de la compagnie sera à Ljubljana, la capitale de la Slovénie, la seule de ces trois ex-républiques yougoslaves à avoir déjà intégré l’Union Européenne.
ARTE Reportage et Vladimir Vasak ont suivi l’évolution de l’ex-Yougoslavie sur deux décennies. Loin de toute nostalgie, l’existence d’un espace commun est devenue une évidence. Les visites de responsables politiques des ex-Républiques les uns chez les autres se font plus fréquentes, même si les hommes d’affaires les ont précédés…
Pas moins de 200 entreprises croates sont présentes en Serbie tandis que la Slovénie est le premier investisseur étranger dans ce pays. 37% des exportations serbes sont dirigées vers les pays de l’ex-Yougoslavie. Et ce phénomène d’interpénétration s’est encore accru avec la crise."
Référence du reportage :"Destination Yougosphère", de Vladimir Vasak, Aleksandra Ilic, Sébastien Guisset et Florence Touly, ARTE GEIE – France, 2011.Diffusions :Samedi, 11 juin 2011 à 19h15, Arte Reportage.Rediffusion dimanche 12 juin à 12h00 et samedi 18 juin à 06h00.
"Destinations Yougosphère"
Arte Reportage, 11 juin 2011, Arte.