C’est une premičre, qui était attendue avec impatience : au Cannes Air Show, ŕ peine sorti de son conteneur, le SkyScatcher est trčs entouré. Il est vrai que c’est la premičre fois qu’il se montre en public, en Europe tout au moins. Il est petit, sympathique sans ętre particuličrement beau et …il ressemble ŕ un Cessna ! On serait tenté de dire que son aérodynamique est celle d’une formule figée dans le temps, aile haute haubanée, train tricycle bien classique, fenętres aux dimensions généreuses. Le slogan qui l’accompagne n’en est pas moins ambitieux, emphatique : Ťthe dream of flight is backť.
A vrai dire, la réalité est plus prosaďque. Voici un Ťvraiť Cessna, conçu pour le bonheur des aéro-clubs, affiché trčs exactement ŕ 80.000 euros. A ce prix-lŕ, il est pręt ŕ décoller mais aucune option n’est comprise, męme quelles-unes facturées quelques dizaines d’euros. Tout est mesuré, compté et, on allait l’oublier, la chaîne d’assemblage se trouve en Chine, et non pas au Kansas. Personne ne nous dira ce qu’en pensent les mânes de Clyde Cessna.
Didier Ardouin, l’un des responsables commerciaux d’Aeromecanic, distributeur installé ŕ Marignane, révčle que 80 exemplaires ont déjŕ été vendus en France, sur catalogue, mais cinq avions seulement seront livrés cette année, le programme ayant pris du retard. On est encore loin, visiblement, du régime de croisičre qui prévoit la production de 400 SkyCatcher par an. Il est vrai qu’il n’est pas précisément facile de travailler avec la Chine qui, entre autres contraintes réglementaires, interdit les essais en vol dans son espace aérien. Aussitôt terminés, les avions sont envoyés aux Etats-Unis et c’est de lŕ qu’ils sont livrés. Mais, explique Didier Ardouin, l’application d’une procédure plus simple est attendue dans 16 mois.
Pour le reste, il ne faut pas ętre devin pour prévoir le succčs : moteur Teledyne-Continental de 100 ch tous ronds, pas de composites, de petites performances de bon pčre de famille et la tranquillité assurée. On en arrive ŕ se demander pourquoi Daher Socata ne s’inspire pas de cet exemple. Aprčs tout, les idées simples ne sont en aucun cas l’apanage des Américains. Le constructeur français ne dit pas non, il ne dit rien, laissant la porte ouverte aux supputations. ŤOn a des idéesť, concčde tout au plus Philippe de Segovia, Ťdirector of product marketing-airplane divisionť (męme sorti d’EADS, Socata en reste ŕ anglais). Mais la priorité de Daher Socata est visiblement tout autre : il s’agit de décider si le prototype SNP de Grob Aerospace pourrait ętre naturalisé français, le cas échéant revu et corrigé. On comprend que la mise de fonds serait limitée, de l’ordre de 250.000 euros, chiffre cité fin 2008. A ce prix-lŕ, il faudrait y aller !
Bien entendu, SkyCatcher et projets Daher Socata n’ont pas l’exclusivité des échanges de vues qui vont bon train ŕ Cannes-Mandelieu. Ce salon est en passe de trouver son rythme de croisičre, cette 5e édition le prouve.
Pierre Sparaco - AeroMorning