Lundi 6 juin, Jean-Jacques Bourdin recevait sur RMC et BFM TV Luc Chatel. Il lui a soumis un problème tiré du cahier d’évaluation soumis aux élèves de CM2 : « Dix objets identiques coûtent 22 euros. Combien coûtent quinze de ces objets ?». Réponse de notre ministre de l’éducation : 16,5.
Décidément, cela semble une tradition. Il y a quelque temps déjà, Xavier Darcos, lui aussi en charge de l’éducation de nos têtes blondes, avait montré qu’il ignorait tout de la règle de trois. C’est une lacune rédhibitoire pour tout ministre : ces grands serviteurs de l’État, si ce n’est d’eux-mêmes, nous assènent régulièrement des pourcentages. Or le calcul de pourcentages impose d’être à l’aise avec la règle de trois.
M. Chatel se révèle encore plus nul en calcul que ne l’était son prédécesseur, qui avait pourtant déjà atteint le tréfonds. En effet, il n’est nul besoin de faire appel à la règle de trois pour répondre à la question posée. Un exercice élémentaire de calcul mental suffit : dix objets coûtent 22 €. Cinq objets supplémentaires coûtent la moitié, soit 11€ d’où un coût total de 33€. Je ne sais quelle lubie a alors sans doute conduit le petit Chatel à diviser ce résultat par deux d’où le résultat de 16,5 annoncé.
Ces ministricules si prompts à tancer les fainéants qui vivent de l’assistanat ne se sont sans doute jamais demandé comment on trouve un emploi quand des lettres de candidature par centaines ne reçoivent pas l’aumône d’un rendez-vous, ni parfois même seulement d’une réponse. Mais ils ont une chance scandaleuse de pouvoir toucher un salaire sans avoir à subir des épreuves de sélection. Cela vaut d’ailleurs mieux pour eux car, ne disposant pas du socle de connaissances que l’on est en droit d’attendre de tout élève, ils n’auraient aucune chance de décrocher un emploi. Ils pourraient alors goûter les délices de l’assistant, ce qui leur serait très salutaire.
Le pire dans la piètre performance du ridicule petit Luc, c’est qu’il est parvenu à annoncer un prix pour quinze objets inférieur à celui de dix ! Je comprends désormais mieux ce qui peut se passer dans la tête de ces glorieux gestionnaires : depuis l’an 2000, la natalité en France a progressé de 10%. Donc, il est facile de faire face à cet afflux d’élèves en diminuant le nombre de professeurs et, si on le diminue encore plus, il est évident que le nombre moyen d’élèves par classe va baisser. Autre idée des mêmes génies de l’incompétence : les résultats obtenus par les professeurs avec de l’expérience ne sont pas satisfaisants. Supprimons 16.000 postes et recrutons on ne sait trop, ni où, ni comment, 17.000 personnes que l’on baptisera enseignants.