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Au Québec, rien ne se fait… aujourd’hui ?

Publié le 10 juin 2011 par Jclauded
La chronique d’aujourd’hui de Réjean Tremblay, l’excellent et légendaire chroniqueur sportif de La Presse, offre matière à discussion. Intitulée « Un Casino 2 ? », elle compare le projet de l’amphithéâtre de Québec à celui qui fut rejeté, en 2006, pour la relocalisation du Casino de Montréal au bassin Peel du port de Montréal. Il en conclut que depuis les derniers 20 ans, rien ne se fait au Québec. En somme, il sous-entend que trop d’oppositions s’élèvent contre les projets importants et que les élus se plient devant les contestataires et n’approuvent pas les projets.
Les deux projets, Casino et Amphithéâtre, ne se comparent pas, sauf pour ceux qui ne voient dans de tels projets que du développement immobilier.
En 2005, je me suis opposé fermement et j’ai fait campagne contre le projet de relocalisation du Casino. Finalement, ce sont les Montréalais, les Montréalaises et un grand nombre de groupements sociaux qui, par leurs argumentations et leurs actions, ont réussi à l’arrêter. Les citoyens de Montréal ont exprimé leur bon sens.
Réjean Tremblay blâme le PM Jean Charest de ne pas avoir appuyé le projet en se ralliant au vœu de la majorité des Montréalais des arrondissements où celui-ci projets devait être implanté. Il a eu l’intelligence de comprendre que le développement de Montréal ne passait pas nécessairement par des projets de promoteurs dont le seul but est de faire « une piastre vite » sans tenir compte des effets à long terme sur la ville et sa population.
Le projet de la relocalisation du Casino avait été imaginé par la société Canderel. Cette dernière avait réussi à convaincre les dirigeants de Loto-Québec, propriétaire du Casino, de déménager leurs pénates d’un endroit pittoresque et isolé de l’île Notre-Dame à un quartier populaire de Montréal. Et cela, malgré que des centaines de millions de $ avaient été investis pour transformer les pavillons de France et du Québec de l’expo67 en un casino exceptionnel. Nonobstant cela, ces dirigeants, prétextant que les revenus du casino diminuaient (on n’en a jamais eu la preuve), ont sauté sur l’idée du promoteur de reconstruire un nouveau casino sur son site pensant ainsi respecter leur mandat qui est d’augmenter les revenus à tous les ans.
Et les milliers de joueurs invétérés qui ont développé la « maladie du jeu », à cause de la venue du Casino dans notre ville, qu’en faisait-on ? Et les pertes financières de ces joueurs qui affectent directement leurs proches, femme et enfants, qui en souffre profondément ? Les statistiques sont là, connues et confirmées par des rapports d’experts médicaux qui ont constaté le ravage que fait le jeu chez trop de personnes. On n’a qu’à constater l’affluence qui augmente, au Casino et chez Loto-Québec, le jour de l’arrivée des chèques de bien-être social dédiés aux besoins minimums des familles nécessiteuses, pour comprendre.
Il est quasi-impossible de fermer le casino, comme beaucoup de gens le réclament, mais il faut se battre pour en limiter les dégâts et empêcher qu’il devienne plus attrayant. Le Casino de Montréal devrait, entre autres, cesser toute publicité et tout octroi de contribution à des groupes sociaux dans le but d’attirer de nouveaux clients. Le Québec n’a pas besoin de cet argent sale pour survivre.
Canderel avait obtenu l’accord tacite du Cirque du Soleil. Cependant, les dirigeants de ce dernier avaient annoncé ne vouloir mettre aucun sou dans le construction du projet. On lui a fait miroiter l’utilisation d’une salle de 2 500 places spécialement conçue pour ses spectacles, comme celles de Las Vegas. Il aurait pu, ainsi, présenter un spectacle de cirque dans ce mégacomplexe, durant quelques mois à tous les ans. Cette salle évidemment devait être construite et payée par le Casino de Montréal. Heureusement, devant les arguments des opposants et la pression qu’ils exercèrent sur la ville de Montréal et le gouvernement du Québec, le propriétaire du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, retira son accord au projet. Il était devenu sensible aux préoccupations de ces Montréalais. Dès la décision de Laliberté, la direction de Loto-Québec annonça sa décision de renoncer au mégaprojet dont le coût total était estimé, à ce moment-là, à 1,2 milliards $.
Réjean Tremblay affirme que rien ne se fait aujourd’hui par rapport aux années 60’ et 70’. Il oublie que, dans ce temps-là, la dette n’existait pas et que le gouvernement québécois pouvait emprunter à volonté. De plus, le métro de Montréal, l’expo67, la Manicouagan et les jeux olympiques76 n’ont rien à voir avec le méga-complexe projeté au bassin Peel ou l’amphithéâtre de Québec. Les dires de Tremblay sont irréalistes lorsqu’on constate les milliards de $ actuellement investis dans d’innombrables infrastructures de toutes sortes sur tout le territoire du Québec. Et que dire de l’extraordinaire barrage hydroélectrique de La Romaine, dont la construction débute, et qui est plus important que ceux de la Manicouagan et de la Baie James ?
Après avoir passé un savon à tous les intervenants du projet de l’amphithéâtre, Tremblay se reprend quelque peu en espérant que le PM Charest soit plus fort qu’il imagine et que le l’amphithéâtre de Québec puisse se réaliser. J’ai la conviction qu’il sera construit.

Le PM Charest a remis le débat à septembre. Deux mois et demi de délai. Ce n’est certainement pas la mer à boire… Il est impossible que le projet éclate à cause de cela.
Le débat des derniers jours a dégénéré en une mise en scène trompeuse qui a bouleversé un grand nombre d’individus. Quatre députés du Parti Québécois ont démissionné face aux agissements de leur parti. Le parti libéral est aussi ébranlé. La légalité du projet de loi a été rejetée par le barreau canadien et celui du Québec. La commission parlementaire est devenue une comédie tragique. Et tout cela pour une raison simple : le projet de loi de l’amphithéâtre, tel que présenté, était basé sur des fondements peu solides. Le responsable de ce gâchis est le gouvernement et le PM Charest doit en assumer la responsabilité. Heureusement, il a mis à cette mascarade qui devenait choquante pour tous les Québécois. Il a compris qu’il ne pouvait forcer, coûte que coûte, l’adoption de la loi protégeant le projet contre toutes contestations légales, seulement pour le plaisir du maire de Québec.
Le projet de loi doit être revu et tenir compte des points de vue des Québécois qui se sont exprimés en personne ou via les sondages sur le projet. Le vote pourra être pris sans que l’Assemblée Nationale brave ostensiblement et brutalement les principes de « la loi des cités et villes » et ceux de l’Assemblée Nationale.
Ne vous inquiétez pas M. Tremblay, l’amphithéâtre de Québec sera construit. Les Québécois de Québec le veulent, alors donnons-le leur. Ils obtiendront possiblement une équipe d’hockey professionnel. Je leur souhaite. Mais je crains que leur amphithéâtre devienne un éléphant blanc et un fardeau fiscal important pour eux.
M. Tremblay, rappelez-vous la pression exercée sur la commission parlementaire par le maire de Québec et le président de Quebecor. Ces derniers n’ont cessé d’affirmer que la période de temps pour voter la loi était courte et que si elle n’était pas respectée, la fenêtre d’opportunité pour obtenir la franchise d’un club d’hockey professionnel serait perdue. Aujourd’hui, suite à leurs dernières déclarations en rapport avec la remise du vote à l’automne, on se rend compte que tout n’était que du « bluff ».
Claude Dupras

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