L'oeil
L'oeil me fixe, immobile, et sa pupille noire
Ainsi qu'un gouffre avide semble me dévorer.
Immense, gigantesque, le regard concentré,
Comme pour déchiffrer quelques obscurs grimoires,
Impassible et glacé, le grand oeil qui voit tout
Me fixe obstinément et je m'emplis d'effroi.
Je tombe sous son charme, il s'empare de moi,
Tout entier il m'englobe de son grand regard fou.
*
Envoûtantes visions de corps alanguis,
Puis virginales rivières de sang épais et trouble.
Folles élucubrations, cauchemars hallucinés,
Avenir condamné, prison de pierres froides,
Folie, folie, ténèbres et chaos.
*
Étourdi, égaré, revenu de ce songe,
Pour un instant troublé par ce fol aperçu
D'un futur haïssable, étonné et confus,
J'embrasse du regard ce bel oeil et m'y plonge.