A l’entrée de la galerie Michel Rein (jusqu’au 26 Février), deux photos de l’instant d’après : quelque chose vient de se passer, les badauds regardent, on voit des nuages de fumée, ça sent encore la poudre, le feu d’artifice vient de se terminer. On arrive après la fête, hors temps, comme chez Degas, trop tard.
Mais à gauche, là où tout à l’heure les oiseaux chantaient et le vent agitait les branches au dessus d’une épave de voiture abandonnée, soudain ça flambe, ça crépite, ça explose : un feu d’artifice éclate à l’intérieur de la voiture, les vitres éclatent, les flammes sortent, puis tout s’apaise dans la fumée âcre (I’m looking for something to believe in). Elisa Pône, récemment sortie d’école, regarde les feux d’artifice comme un facteur de perturbation, un dérangement, un moyen de chambouler notre réel. Les miniaturisant, elle nous en approche au plus près, inquiets et fascinés, entre souvenirs d’enfance et nostalgies émeutières. Mais dans l’espace de la galerie, ce n’est que représentation (à l’exception de petits bolides téléguidés qui se faufilent entre les jambes des invités en crachotant) et il faudrait sans doute voir ses performances en grandeur nature pour en goûter l’audace.
On resterait ainsi un peu sur sa faim (ce qui n’est pas plus mal et de bon augure), mais l’autre vidéo (La Passion des Fils) nous montre une autre nuit, urbaine, banlieusarde, glauque, finissante. désoeuvrés, deux jeunes gens, qui pourraient être Pasolini et Sergio Citti, jouent, dans une étrange parade de séduction et d’affrontement : jeu de main, jusqu’à la douleur, sensuelle et violente. Après l’excitation de la poudre, le parfum de la transgression. Fermer les yeux, sauver sa peau.
Photos courtoisie Galerie Michel Rein.