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Chirac juge Sarkozy - Les extraits des Mémoires de l'ex-président

Publié le 09 juin 2011 par Letombe

Chirac juge Sarkozy - Les extraits des Mémoires de l'ex-présidentDans le deuxième tome de ses Mémoires, l'ancien président s'autorise enfin à évoquer son successeur. Avec ses qualités, et surtout, ses défauts. Morceaux choisis.

Le Nouvel Observateur daté du 9 juin 2011 publie en exclusivité les bonnes feuilles du deuxième tome des Mémoires de Jacques Chirac.

En voici les premiers extraits :

"Quelle a été la responsabilité du ministre du Budget dans les attaques lancées contre moi ?"

"Les différentes "affaires" dans lesquelles j'ai été mis en cause entre 1999 et 2001 ne visaient probablement pas à faciliter l'exercice du mandat présidentiel qui m'a été confié par les Français en mai 1995. [...] J'en ai eu la démonstration, avant même mon élection de 1995, dans l'affaire des terrains de Vigneux. Visant ma belle-famille, et moi-même par voie de conséquence, elle n'avait pas d'autre objectif que de salir la réputation d'un concurrent. Il m'a toujours manqué la preuve qu'elle avait été initiée par le ministère du Budget, comme on me l'assurait. Mais cette affaire montée de toutes pièces ne me paraissait évidemment pas étrangère à la campagne présidentielle. Les attaques lancées contre Alain Juppé, peu après son arrivée à Matignon, ne devaient rien au hasard, elles non plus. Puis ce fut à mon tour d'être directement pris pour cible..."

"Il subsiste trop de zones d'ombre entre Nicolas Sarkozy et moi"

"J'ai commencé à réfléchir au choix du nouveau Premier ministre dès le lendemain du premier tour de l'élection présidentielle. [...] Nicolas Sarkozy paraît le mieux préparé à occuper cette fonction, ne serait-ce que parce qu'il en est lui-même convaincu au point, comme je l'apprendrai incidemment, d'avoir déjà entrepris de composer son cabinet ministériel. Je ne mésestime pas ses qualités : sa force de travail, son énergie, son sens tactique, ses talents médiatiques, qui font de lui, à mes yeux, l'un des hommes politiques les plus doués de sa génération. Son expérience gouvernementale, son dynamisme, son insatiable appétit d'action plaident aussi en sa faveur. Certains membres de mon entourage, tel Dominique de Villepin, sont favorables à sa nomination, l'estimant utile pour lui permettre de faire ses preuves. D'autres, plus nombreux, me la déconseillent, qui ne jugent pas Nicolas Sarkozy assez fiable par rapport à ce qu'un président de la République, conformément à l'esprit de nos institutions, est en droit d'attendre de son Premier ministre : une loyauté, une transparence totale dans leurs relations. Le risque, en effet, serait de me trouver très vite confronté à un chef de gouvernement prompt à affirmer son autonomie, voire à me disputer mes propres prérogatives, sans s'interdire de paraître déjà briguer ma succession. Bref, de subir les désagréments d'une nouvelle cohabitation... Le fait est que j'ai besoin d'un Premier ministre avec lequel je me sente en complète harmonie et sur lequel je puisse m'appuyer en toute confiance. La confiance ne se décrète pas mais c'est une nécessité impérative. Or il subsiste trop de zones d'ombre et de malentendus entre Nicolas Sarkozy et moi pour que ces conditions soient pleinement remplies. J'ajoute, et c'est le plus important, que nous ne partageons probablement pas la même vision de la France."

"Ce moment ne viendra jamais"

"Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy est élu président de la République. Nous sommes réunis à l'Elysée ce soir-là avec Bernadette, mon petit-fils Martin, ainsi que l'ensemble de mes collaborateurs, pour entendre la première déclaration du futur chef de l'Etat. Chacun de nous écoute avec la plus grande attention chaque phrase, chaque mot qu'il prononce, guettant secrètement le moment où il citera sans doute le nom de celui auquel il s'apprête à succéder, ou même le remerciera du soutien qu'il lui a apporté. Mais ce moment ne viendra jamais. Pour ma part, je m'abstiens de manifester la moindre réaction. Mais au fond de moi je suis touché, et je sais désormais à quoi m'en tenir".

L'actuel président est "un planqué" du service militaire. C'est Jacques Chirac qui le dit. Par Farid Aïchoune

Le président de la République, Nicolas Sarkozy, apparaît, page 131, dans le deuxième tome des mémoires de Jacques Chirac ( dont nous publions cette semaine les bonnes feuilles en exclusivité). L'ancien président le désigne comme "un planqué du service militaire", ce qui n'est pas un compliment.

Nicolas Sarkozy est incorporé en décembre 1978 à l'Etat-major de l'armée de l'air place Balard à Paris, où il n'a jamais vu un avion de combat. Envoyé faire ses classes, pendant trois mois, à la base du Bourget, dans le 93, le bidasse Sarkozy ne supporte pas l'uniforme et la discipline. Il est alors muté à l'Etat-major au Groupe rapide d'intervention (GRI), qui s'occupe de la propreté de la base. Balard a toujours accueilli les pistonnés et les fils à papa, qui pouvaient rentrer chez eux le soir. D'ailleurs, tout le temps de ses douze mois de service, il a pu continuer à exercer son mandat de conseiller municipal de Neuilly et continuer ses études de droit.

Contrairement à lui, son copain d'enfance, Fréderic Péchenard, actuel Directeur général de la police nationale (DGPN), a servi dans un régiment de parachutistes en tant que sous-lieutenant ; le même grade que Jacques Chirac pendant la guerre d'Algérie.

Farid Aïchoune - Le Nouvel Observateur

> Retrouvez l'intégralité des bonnes feuilles dans Le Nouvel Observateur en kiosque dès mercredi 8 juin et chaque jour sur le site.

http://tempsreel.nouvelobs.com/

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