Pour l'heure la poésie ne peut encore se séparer de son histoire et de sa critique. Il n'est même pas question de "mémoire", parce que nous en sommes toujours au même point, et, d'une certaine manière, au même moment : les années 1868-1875 (Ducasse, Rimbaud, Mallarmé). On n'a pas avancé d'un pouce, ni théoriquement, ni pratiquement (pour parler vite)
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Ma propre poésie est restée une critique de la poésie, preuve s'il en était besoin que je n'ai pas su trouver l'issue, et que j'en suis toujours au point où se trouvaient déjà, il y a cent vingt ans et plus, Ducasse, Rimbaud, Mallarmé (les plus grands)... Depuis eux, la poésie n'a pas avancé d'un pouce. - Il faut dire qu'ils l'ont conduite au bord d'un abîme : la constatation du fait que l'écriture, à son extrême pointe, rencontre son impossibilité !
Ivar Ch'Vavar, Travail du poème, Éditions des Vanneaux, 2011, p. 84 et 86