Ces dernières semaines, plusieurs jeunes femmes ont été victimes de viols et d’agressions au cours de soirées étudiantes. La suralcoolisation des jeunes, l’ambiance sexiste ou encore l’irresponsabilité de certains organisateurs sont en ligne de mire
« Soirée étudiante. J’ai beaucoup bu. Un copain d’un ami que je ne connais pas me propose d’aller fumer un joint dehors. Je m’écroule par terre. Je me rappelle avoir été transportée. Puis, trou noir. Je reprends conscience, il est en moi. Plus tard, il s’excusera « Tu étais trop belle, trop attirante ». Il n’a pas mis de préservatif. J’avais trop bu, c’était ma faute. Je ne voulais pas appeler ça un viol ».
Des témoignages comme celui-ci, il y en a des tas. « Les soirées organisées par des associations étudiantes sont parfois le lieu de dérives: surconsommation d’alcool, bizutage, violences, sexisme… », dénonce l’Union Nationale des Etudiants Français, (UNEF). Le hic: certaines de ces soirées sont financées par les établissements eux-mêmes… « L’université Lyon 1 ne finance aucune soirée étudiante. Les financements accordés aux associations sont étudiés au cas par cas et nous privilégions l’humanitaire ou encore le tutorat » se défend Lyon 1 d’où est d’ailleurs issue cette jeune étudiante de 19 ans, violée dans les toilettes d’un bar à Villeurbanne il y a quelques semaines.
L’open bar, il est des nôtres
Dans certaines soirées sont mis en place des open bars (alors qu’ils sont interdits depuis 2008), la vente ou la distribution d’alcools forts en dehors des établissements agréés (interdite aux associations), des organisateurs qui poussent à consommer et, en filigrane, une ambiance surchauffée. Recette explosive, succès garanti!
Affiches sexistes
Soumission, clichés, positions aguicheuses voire carrément explicites: la grande majorité des affiches faisant la promotion des soirées représentent la femme comme un objet sexuel. « A force de répétitions ces affiches font rentrer dans notre inconscient une image dégradée de la femme. Elle est réduite à un corps à disposition des hommes » prévient l’UNEF.
Plus de prévention
Une meilleure prévention sur les risques liés à l’alcool et au sexe et un meilleur encadrement des soirées étudiantes. Voilà les deux principales revendications de l’UNEF. Le syndicat propose de frapper au porte-monnaie et de stopper les financements excessifs accordés à ces corporations.
Série noire pour le mois de mai?
Le mois de mai a connu une série de viols au cours de soirées étudiantes. Y’a-t-il une recrudescence de ces cas? « Je n’ai pas l’impression qu’il y en ait plus qu’avant », estime Henri Moreau, commandant à la police judiciaire de Paris. Même son de cloche pour l’Observatoire national de la délinquance. Est-ce la médiatisation des affaires les plus graves qui donne cette impression? Probablement. En revanche, les viols« ne sont que la partie visible de l’iceberg. Les agressions sexuelles en général sont beaucoup plus nombreuses », estime William Martinet, Responsable des questions de société à l’UNEF.
Silence, on viole!
Bien souvent, cela commence sous forme de jeu. On boit, on s’amuse, on se touche… Une fois l’acte commis, de nombreuses jeunes femmes ne portent pas plainte, « car elles pensent que ce n’est pas un viol, elles pensent être responsables » explique Delphine Reynaud, coordinatrice du collectif Féministe Contre le Viol. Actuellement, une victime sur dix porte plainte. Et dix sur dix porteront des séquelles à vie. Nasdrovia!