Passer une matinée avec Benoît est passionnant, car cela vous permet de mieux saisir l'étendue des facteurs à maîtriser pour faire un grand champagne. À la vigne d'abord, où il est indispensable de connaître les sols des différentes parcelles. Trouver les cépages les mieux adaptés en fonction de ceux-ci. Tenir compte aussi de la pente, de l'exposition. Travailler ou non les sols. Y semer des couverts adaptés. Traiter peu, mais bien. A ce sujet, la question d'officialiser la démarche écologique du domaine n'est pas encore tranchée.
Par contre, au chai, les Tarlant n'ont pas hésité à d'acquérir deux pressoirs à plans inclinés (Coquard), afin de respecter au mieux la vendange et de limiter au maximum les risques d'oxydation. Les fermentations en barriques sont ici privilégiées : les 2/3 de la production restent ainsi en fûts de chênes des Vosges jusqu'au printemps.
Les dégustations des vins clairs qui vont déterminer les assemblages se font entièrement à l'aveugle, ce qui permet de faire des choix en fonction de la qualité des lots, et non de leur origine. Une fois le vin en bouteille, il faut attendre patiemment. Près de 10 ans pour certaines cuvées.
Lors du dégorgement, le rajout de liqueur d'expédition est loin d'être systématique. Non par effet de mode – Benoît l'a précédée – mais parce que l'équilibre de certains vins ne le justifie pas.
Ainsi, sa cuvée Zéro n'est que finesse et fraîcheur, sans la brutalité souvent présente dans ce type de Champagne. La version rosée, aux arômes de framboises et d'épices, gagne en richesse et en onctuosité, avec des bulles délicates : il est vraiment difficile d'imaginer qu'il est non-dosé.
Le Rosé prestige 1999, a une personnalité plus affirmée encore, avec une grande vinosité, une multitude d'épices et une longue finale expressive. Un vrai champagne de repas, certainement parfait avec du gibier à plumes.
Difficile de ne pas évoquer la cuvée prestige 1998, probablement le meilleur rapport qualité-prix du domaine. Pour moins de trente euros, vous avez un champagne puissant, complexe, harmonieux, prêt à boire ou pouvant patienter encore quelques années. La cuvée Louis, en grande partie du même millésime, est plus riche et plus onctueuse encore.La Vigne d'Antan provient d'une parcelle au sol sableux où des pieds de Chardonnay non greffés résistent au phylloxera. Cela donne un champagne au nez d'une puissance telle que le verre semble d'un coup bien étroit. La bouche est toute aussi impressionnante, alliant la densité à la droiture, vous laissant sans voix. Une expérience rare. Que la suivante ferait presque oublier.En effet, la Vigne d'Or est le plus bel hommage que la vallée de la Marne pouvait rendre au Pinot Meunier. Qui pourrait imaginer que le cépage mal-aimé de la Champagne puisse offrir un vin aussi complexe, sensuel, charmeur, tout en gardant un équilibre et une fraîcheur remarquables. On ne peut rêver meilleure conclusion que ces deux dernières cuvées qui illustrent brillamment le travail parcellaire entrepris par Benoît depuis une décennie.* Mélanie, diplômée en communication, a pris en main en celle du domaine en 2003. Ayant conscience qu'elle n'aurait jamais les moyens des grandes maison, elle crée la même année l'un des tous premiers blogs de vigneron afin d'expliquer aux amateurs leur travail au quotidien. L'une des premières aussi à utiliser Facebook, créant un dialogue avec une clientèle plus jeune : les clients deviennent des amis, et inversement. La page de Tarlant compte 10 000 fans, soit nettement plus que celles de champagnes prestigieux !
Champagne Tarlant , 51480 Oeuilly (de 18 à 57 €)
Tél : 03 26 58 30 60
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