Il y a plein de pilotes dont je voudrais vous parler, mais il y a aussi plein de choses que je voudrais faire, parmi lesquelles manger, boire, et last but certainly not least, dormir. Aussi je commence par le post qui me demandera le moins de réflexion, partant du principe que si le visionnage lui-même n'a pas été trop exigeant, ya pas de raison que la rédaction soit différente. Pour le reste, on verra vendredi et/ou ce weekend.
Car oui, je vais vous parler de Single Ladies, la série que tout le monde attend... euh, non. Mais bon, si on s'arrêtait à ça sur ce blog, ça se saurait.
Single Ladies, c'est tout ce qu'une série pour les femmes doit avoir : des femmes superbes, une ville au rythme trépidant, des vêtements et des bijoux dans tous les sens, du champagne et des cocktails, des appartements décorés avec goût, de la musique en permanence, et des histoires de cul. Les gonzesses raffolent de cette recette ; jurisprudence Sex & the City.
Alors qu'est-ce qui fait que Single Ladies n'arrivera jamais à la cheville de son auguste aînée ? Le soit apporté à la production. A chaque étape de la production. Les acteurs sont en grande partie incapables (et quand ils sont décents, à l'image de DB Woodside, les autres défauts de la série viennent quand même gâcher le boulot), et la pire est certainement Stacey Dash qui joue comme une Sarah Jessica Parker sous produits dopants, ce qui vous donne une idée du désastre. Côté style, c'est too much en permanence, les décors sont rococos au possible (un adjectif qu'on pensait ne plus avoir à utiliser depuis des décennies et qui apparait comme le seul capable de décrire la profusion de dorures), les scènes de fesses sont systématiquement des coïtus interruptus qui s'expliquent par le fait qu'aucune scène ne dure plus de 2mn, et même au niveau de l'alcool, le jeu consiste à compter le nombre de fois où les filles boivent la même coupe de champagne dans des décors différents (l'accessoiriste avait trouvé des SUPERS coupes design, mais yavait le budget que pour en acheter 4 pour toute la série).
Et ça c'est même pas le pire. Le pire, ce sont les scénarios.
En 1h22 de pilote, et là yaura du spoiler pour ceux qui voudraient quand même regarder, le personnage principal a le temps de se faire plaquer par son mec depuis 5 ans qui veut pas l'épouser, coucher avec le premier venu, tomber enceinte, ne pas savoir qui est le père, ne plus être enceinte ("ah ah ah les 5 tests de grossesse étaient erronnés, quel hasard quand même !". Vé. Ri. Di. Que.), et je vous parle que de l'héroïne. Les scènes étant courtes (mais le pilote long, mais long !), il n'y a pas de place pour la subtilité, et les retournements de situation semblent toujours tomber du cul d'une poule, genre les scénaristes ont joué l'histoire aux dés.
En fait non, je retire ce que j'ai dit. Le pire, ce sont les dialogues.
Parce que, si dans tout ça, les dialogues avaient été décents, on aurait presque pu pardonner le reste ; ça arrive à une foule d'autres séries d'ailleurs. Mais là c'est pas sérieux, comme affaire. Les dialogues sont artificiellement plaqués pour meubler les scènes et les faire avancer le plus vite possible, et vidés de toute substance (et récités par une bande de nuls), ça en devient risible tellement c'est exagéré. On se croirait dans une parodie par moments. Dans d'autres, ça relève du soap. Et puis une fois de temps en temps, avec la musique pourrie dans le fond, ça fait même film érotique de M6.
Ah oui, ça me fait penser que je me suis trompée. Le pire, c'est la musique.
On en a plein la tête en permanence, des morceaux plaqués violemment dans une scène et systématiquement au même niveau sonore que les conversations, une espèce de R'n'B/soupe issu des pires albums des années 90 qu'on espérait un peu voir disparaitre, ou au moins dont on pouvait se dire qu'on n'aurait pu à l'entendre même si quelques inconscients se livraient encore à leur écoute. Mais comme Single Ladies est une série de blacks (la preuve, ça se passe à Atlanta), il faut les filles avec des bonnes grosses cuisses (seule Dash fait figure de crevette), des mecs musclés de partout sauf du cerveau, et bien-sûr dur R'n'B parce que TOUS LES BLACKS aiment le R'n'B, c'est bien connu.
Et pourtant, dans cet océan honteux de mauvaise, très mauvaise télévision, il s'avère que j'ai pris un certain plaisir à regarder Single Ladies, et que j'en ai été la première surprise. En fait au départ, j'étais résolue à m'arrêter à peu près au milieu (1h22 de pilote, quand même, faut tenir), et puis au fil des heures, j'ai eu envie de continuer, pas parce que je voulais absolument savoir si l'une allait réussir à mettre la main sur son Mr Big ou si l'autre allait survivre à sa terrible rupture, mais surtout parce qu'en fait, pour la première fois pour moi qui ai tendance à ne pas aimer cette expression ni ce qu'elle désigne, j'ai trouvé un très plaisant guilty pleasure.
Ya aucune prise de risque téléphagique. Ya aucun intérêt téléphagique, en fait. C'est mal écrit, mal joué, mal réalisé (faut faire quelque chose avec ces lumières, hein, d'un plan à l'autre l'éclairage change !). Mais on s'en fout parce que ya des robes de folie, des femmes superbes, de très belles coupes de champagne et des mecs qui semblent sortir d'un catalogue. Et Stacey Dash peut remuer dans tout les sens son petit visage trop maquillé, et déclamer ses lignes avec l'air convaincue de la nana qui se rappelle plus trop si on est mardi ou mercredi, au final ça n'a pas d'importance parce que c'est juste "joli". Ou en tous cas quelque chose qui s'en approche.
Ca remue, ça brille, et très franchement, avec mon nouveau boulot, je suis trop fatiguée pour avoir la force de regarder des séries de la trempe de Game of Thrones plus d'une fois par semaine, alors c'est parfait, ça m'occupe. Je suis pas encore sûre de continuer Single Ladies, mais étrangement, la perspective ne me rebute pas.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Single Ladies de... ouais alors, ça devra attendre quelques jours.