FUP
( L'OISEAU CANADÈCHE )
traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Pierre Carasso
Voilà un petit livre qui ne m'aurait pas attirée comme ça de prime abord, rien qu'en apercevant la couverture et en imaginant que j'allais me farcir l'histoire d'un canard. Mais voilà, c'était sans compter le pouvoir tentateur de la blogosphère et un moment de faiblesse lors d'un passage à la bib'.
Le titre était tout de même bien intrigant, c'est ce qui m'avait aussi poussée à le lire alors que j'hésitais encore, et je dois dire que ça m'avait tellement intriguée qu'en cours de lecture, j'ai recherché sur le net le nom de notre canard Canadèche en anglais (Fup, donc, ainsi que l'indique le titre original).
Et pour être honnête, tout ce qui m'a réellement plu à la lecture de ce court récit, et que je retiendrai certainement plus longtemps que son contenu, c'est la genèse et le sens du nom de ce
canard en anglais => "Fup", comme dans "Fup duck", qui est, on l'aura compris, une alternative polie à "Fucked up". J'adore ce genre de découverte!
J'ai trouvé ça amusant, ça reflète un aspect de la personnalité de l'auteur, de son esprit malicieux, malice qui se répercute dans sa façon de narrer les événements et qui est très appréciable. Canadèche, c'est Fup (duck), Titou c'est Tiny en VO, je n'ai pas pu vérifier tout le reste mais je pense que la version originale doit être particulièrement intéressante, plus ironique et malicieuse encore.
Le côté fable moderne m'a moins touchée, séduite que la plupart de ses lecteurs (j'ai vu que côté anglophone, ce livre avait un certain succès aussi). C'est pourtant une jolie histoire qui se laisse réellement apprécier, réaliste, terre-à-terre et avec une légère dimension absurde et conte. C'est simple, frais, raconté avec un humour qui m'a arraché bien des sourires, et même des rires par moment. Le style narratif est agréable, l'auteur a un talent de conteur indéniable, j'ai trouvé le tout vraiment sympathique, charmant et amusant. Canadèche est vraiment très attachant, et quel phénomène ce Pépé Jake!
Je n'ai pas de bémol particulier à pointer du doigt, mais ce récit ne m'a pas semblé indispensable pour moi, disons que ça ne m'a rien apporté de particulier.
C'est une lecture qui peut faire du bien quand on y est disposé, qu'on a besoin de ce genre de livres bulle d'air, et qu'on sait se laisser porter par la fraîcheur des fables qui ont toujours ce petit côté magique bienfaisant et apaisant, comme un baume de douceur, mais si on n'est pas spécifiquement dans cette période, ou doté d'une sensibilité aiguisée à la poésie des jolis instants de vie et des belles histoires fraîches, l'effet "petit bijou" tombe à l'eau, je pense.
La fin avec Cloué-Legroin, le sanglier, m'a laissée quelque peu perplexe, là je me suis dit que l'auteur avait dû boire une goutte de Vieux Râle d'Agonie de trop, mais j'ai trouvé très joli la toute fin, l'image du départ de Pépé Jake.
A lire pour une meilleure idée du récit peut-être, les avis très positifs de Keisha et Theoma que j'ai trouvés très convaincants.
L'auteur
Né en 1945, Jim Dodge est une figure atypique de la littérature américaine, à la fibre résolument écologiste et libertaire. Auteur de seulement quatre livres (dont Stone Junction, publié en 2008 dans la collection Lot 49), l'homme a pris le temps de vivre, exercé divers métiers - bûcheron, berger, joueur professionnel... Il appartient à sa manière à la communauté des poètes du Grand Ouest américain, à tous ces tendres déconneurs qui dans les effluves matinaux de café remettent leur casquette, leur épaisse chemise à carreaux, et remontent dans le pick-up intersidéral de leurs vies cabossées.