Parce que Nader ne veut pas la suivre à l'étranger, sa femme le quitte. Nader engage alors une jeune femme, Razieh, pour s'occuper de son père, atteint d'Alzheimer, sans savoir qu'elle est enceinte et qu'elle n'a pas l'accord de son mari. Un jour, en rentrant chez lui avec sa fille Terimeh, il découvre que son père a fait une chute et que Razieh n'est plus là. Lorsque celle-ci revient, une dispute éclate, et Nader chasse Razieh. Il apprend bientôt que la jeune femme a fait une fausse couche et que son mari a porté plainte.
Un des principaux risques lorsqu'on n'arrête pas d'entendre parler d'un film comme d'un chef-d'oeuvre, c'est qu'on finit par passer totalement à côté. C'est le cas (malheureusement!) avec Une séparation, grand gagnant à Berlin cette année. S'intéressant à divers aspects de la société iranienne (la condition des femmes, la religion, les rapports parents/enfants), le film prend pour fil conducteur la notion de vérité. Qu'est-ce que la vérité? Celle qu'on dit aux juges, celle qu'on dit à ses proches, la sienne propre? Y a-t-il besoin de s'adresser aux juges et aux lois pour connaître la vérité, ou est-ce que l'important ce n'est pas de la découvrir par soi-même? La loi n'a en réalité rien à faire dans cette histoire: ne rendant ni leurs maris aux femmes, ni leurs enfants aux couples, elle ne sert au final qu'à renforcer les mensonges de chacun, au profit de leurs intérêts personnels.
Dans Une séparation, un enfant qui ne demandait qu'à vivre meurt avant même de naître, et chacun accuse l'autre de sa mort alors que tous sont responsables: Razieh qui s'est absentée au mauvais moment et qui n'aurait pas dû accepter ce travail, son mari pour avoir fait un enfant dont il ne peut pas s'occuper, Nader pour avoir provoqué une fausse couche chez Razieh, et son ex-femme pour être partie. L'allusion à la situation actuelle de l'Iran est plus qu'évidente et extrêmement forte ici. Traitant de façon intelligente et subtile les nombreuses conséquences de son idée de départ, assez simple d'ailleurs, le film laisse peu à peu s'installer un climat tendu dont découlera la vérité la plus terrible qui soit, face à laquelle la jeune Terimeh, qui est à peine devenue une adolescente, répondra absent.
Le reproche qu'on peut faire à Une séparation, si en plus on ne connaît du cinéma iranien que des films comme Les chats persans, c'est de tellement suggérer au lieu de montrer certaines choses qu'on a l'impression que le film perd toute son intensité dramatique. Néanmoins, si vous n'avez pas entendu parler de ce film, et que vous souhaitez avoir un large aperçu de la société iranienne, ce serait dommage de vous en priver, à en croire la presse et les blogs!