NUCLEAIRE... l' antisismique : nous savons faire!

Publié le 08 juin 2011 par 000111aaa

Cet article est motivé par les remarques acides (habituelles !)de mon correspondant XYZ sur la publication de l ASN « CONTROLE » qu il vient lui aussi de recevoir ….

Je veux d abord dire qu’ en effet le nucléaire français n’est pas tourné vers les REB / REACTEURS A EAU BOUILLANTE américains car historiquement nous avons choisi de franciser dans les années 70 l’ autre type de filière américaine REP de WESTINGHOUSE ..Lorsque je discutais de cela avec mes collègues de l’ IRSN au plus fort du désastre de FUKUSHIMA ils reconnaissaient que leur préoccupations , leurs manips , leur expérience étaient orientés vers les REP.

Cela n exclue pas que les choses sont en train de changer . C EST L OBJET DE MON ARTICLE D AUJOURD HUI

1/LA PRISE EN COMPTE DU RISQUE SISMICITE PAR LE NUCLEAIRE FRANÇAIS

Je vous ai indiqué dans une série précédente comment doit figurer sur le projet préliminaire de sûreté d une centrale les données que l’ on possède sur le site géographique de la centrale , à savoir données historiques , sismiques , géologiques ( nature des terrains , aquifère sous jacent , failles actives etc.   ) …

Malgré tout, il reste impossible de prévoir précisément quand se produira un séisme. En revanche, on peut éviter que dans un accident nucléaire il se transforme en drame humain et radiologique . Pour cela, les autorités ont mis au point des normes parasismiques de manière scientifique.

En France, la protection sismique ne date pas d'hier. Le premier code parasismique remonte à 1955. Depuis notre pays s'est doté d'une carte de zonage sismique très précise qui conditionne la réglementation de normes de construction adaptée au contexte géographique des sites a étudier  .Je suppose que mes lecteurs savent que les grands travaux développés ici et là (centrales nucléaires /voies et ponts des nouvelles lignes de SNCF /viaducs / ponts de grande amplitude etc ) nécessitent ce genre d approfondissement du sujet .

Mais d’ autre part l’ambition du nucléaire français est de se développer et de commercialiser la génération 3 type EPR ; il fallait par conséquent imaginer une définition des risques sismiques relatifs à un panel à la fois plus large et plus applicable à un type d’installation donné , sur un site donné.

L’étude du terrain ressort de la géologie : Construire, par exemple, un bâtiment aux normes parasismiques sur un terrain liquéfiable (terrain meuble ou gorgé d'eau ) n'a aucun sens. De fortes secousses sismiques peuvent liquéfier ces terrains qui se transforment alors en véritables sables mouvants.

Très schématiquement en matière de construction parasismique. il faut privilégier certaines conceptions plutôt que d'autres et bannir les formes complexes….L'objectif est de concevoir des bâtiments qui supportent une déformation sans se casser .Ca doit plier sans se rompre , tel le roseau de LA FONTAINE

Mais plus encore faut-il prévoir comment les caractéristiques précises de certains bâtiments sont à sécuriser absolument ; on doit donc savoir comment ils réagissent aux séismes selon leur intensité , pouvoir les modéliser et ensuite expérimenter à une échelle crédible

2 / LES MOYENS D ETUDES FRANÇAIS

Nous avons donc mis en œuvre comme les Japonais, connus pour leur savoir faire en matière de construction parasismique et qui disposent aussi d'un centre d'essais unique au monde à Miki , des plates formes d’essais   de vibration

Situé à Saclay, notre Centre dépend du CEA . Inaugurée le 30 mai 1990, l’installation expérimentale Tamaris reproduit des séismes et teste la résistance aux secousses de différents équipements et bâtiments, notamment d’installations nucléaires, en taille réelle ou réduite

Elle regroupe six moyens d’essais

-quatre tables vibrantes (Azalée, Vésuve, Mimosa et Tournesol) qui reproduisent des séismes par des mouvements verticaux, horizontaux et combinés, dont l’une est la plus grande en Europe ( 36 m²) et peut accueillir une structure pesant jusqu'à 100t

-un mur d’essai permettant d’appliquer des efforts sur une structure au moyen de vérins

-une fosse d’essai de 15 mètres de profondeur

Mes photos vous donnent une idée des moyens